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Conferenza Antimilitarismo
Partito Radicale Centro Radicale - 7 gennaio 2000
Russie/Tchétchénie/Antimilitarisme: Dimitri Neverovski

»La guerre en Tchétchénie est un crime

Lettre ouverte d'un appelé insoumis.

Par JEAN-PIERRE THIBAUDAT

Libération, vendredi 7 janvier 2000

De violents combats ont continué hier à Grozny où les troupes russes ont pris le contrôle de la gare, au centre de la capitale tchétchène. Elles ont également récupéré, au prix de lourdes pertes, une partie des postions perdues la veille au sud de la ville.

En dépit de la Constitution russe qui garantit aux jeunes appelés la possibilité d'effectuer un service alternatif, Dmitri Neverovski a été condamné le 25 novembre à deux ans de prison par le tribunal de sa ville natale, Obninsk, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Moscou. Habituellement, les procès de ce type s'achèvent en queue de poisson par la réclamation d'un »supplément d'enquête . Mais, pour la seconde fois, la justice russe vient de condamner à de la prison ferme un jeune homme de 26 ans qui ne demandait que l'application de la Constitution en matière de service militaire.

Le fait que Dmitri Neverovski soit un membre très actif du parti antimilitariste radical, que sa mère (candidate de l'Union des droites aux dernières législatives) soit aussi une militante de ce parti et que leurs actions conjuguées aient poussé une centaine de jeunes gens à demander un service alternatif dans la région d'Obninsk a sans doute dû peser dans la balance. La Tchétchénie a fait le reste. Au mépris le plus élémentaire des faits, on a condamné Dmitri pour »désertion face à l'obligation du service militaire, alors qu'il s'est présenté à la commission militaire pour dire ses convictions antimilitaristes.

Insoumis il est, insoumis il reste. Et, du fond de sa prison, il adresse une lettre ouverte à ses »camarades , les appelés russes en Tchétchénie. »Je considère qu'il est inadmissible d'utiliser l'armée pour les opérations policières, à l'intérieur du pays, contre les citoyens russes , écrit-il.

»Je considère qu'il est inadmissible d'utiliser l'armée contre la population civile. Je crois que la guerre en Tchétchénie est un crime. L'aviateur qui y lâche une bombe sur un village, détruit des maisons, tue des femmes et des enfants, est un criminel de guerre. Le soldat qui a lancé un missile sur le marché de Grozny, tuant 100 personnes, est également un criminel [...].

»Camarades, nous pouvons arrêter cette folie. Si on est nombreux. Si les généraux, les commissions militaires, les "procureurs" et les "juges" à la solde de l'Etat n'arrivent pas à nous faire peur.

»Refusez de devenir de la chair à canon, n'acceptez pas d'aller humblement dans les casernes pour être tué ou, encore pire, pour tuer vous-mêmes. Ne participez pas aux crimes militaires du régime: ni comme des exécuteurs au front, ni, à l'arrière, comme complices.

»Ils peuvent nous faire peur, ils peuvent nous menacer, ils peuvent violer les lois et la Constitution, ils peuvent même nous mettre en prison. Mais il y a une chose qu'ils ne pourront jamais faire: c'est nous forcer à les servir et à devenir leurs complices. Leur fameuse "force" vient de notre incertitude, de notre peur, de notre indifférence. Nous sommes plus forts qu'eux parce qu'ils ont besoin de nous pour exister.

Dmitri Neverovski. Kalouga, SIZO IS-37/1.

Le »sizo est une prison préventive. Car Dmitri a fait appel de sa condamnation. Il risque cependant encore de passer de longs jours dans sa cellule - prévue pour huit, ils sont une trentaine à s'y entasser - avant que son dossier ne soit transmis à la cour d'appel.

 
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