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Conferenza droga
I.A. L. - 8 ottobre 1990
Interdiction, réglementation, "normalisation": Olivier Ralet

OLIVIER RALET

Organisation: Infor-Drogue

Titre: Interdiction, réglementation, "normalisation"

Résumé de projet de communication par O.Ralet, Infor-Drogues, 302 chaussée de Waterloo, 1060 Bruxelles.

Si l'on exepte le courant, probablement minoritaire, qui soutient parmi les anti-prohibitionnistes une position "ultra-libérale" d'intégration pure et simple des drogues dans l'économie de marché, le débat prohibition/anti-prohibition se superpose à un débat entre interdiction et réglementation des drogues. Le gouvernement néerlandais, lui, sa politique par un troisième terme: la "normalisatie". Je conserve le terme en néerlandais pour lui éviter les connotations sinistres évoquant les chars soviétiques à Prague et la volonté de faire "entrer dans le rang" que possède le mot "normalisation" en français. La "normalisatie" se caractérise par un double mouvement (dialectique) reliant un sous-groupe social "différent" et la société dans son ensemble: le sous-groupe produit ses propres "normes" de comportement, et l'existence du sous-groupe devient "normale" pour l'ensemble de la société. Mais, définie comme cela, la "normalisatie" n'en reste pas moins paradoxale comme caractérisant une politique d'Etat puisqu'el

le désigne un processus d'auto-organisation de la société civile, et non un choix politique gouvernemental. Par ailleurs, les responsables néerlandais annoncent "la santé publique" comme objectif de leur politique. La visée des responsables néerlandais est donc d'influencer eur la "normalisatie" émanant de la société civile dans le sens de la santé publique. L'échange de seringues usagées contre des seringues stériles dans un but de prévention du sida parmi les usagers intra-veineux de drogues est un exemple - parmi de nombreux autres - de cette politique: cette initiative des "associations de junkies" (junkiebonden) a été reprise par les Municipalités d'Amsterdam et de plusieurs autres villes et cherche bien évidement à influer sur les normes de consommation dans un sens de moindre dangerosité.

La thèse que je voudrais soutenir est que la "normalisatie" en tant que processus d'auto-organisation de la société civile est à l'oeuvre dans tous les pays, mais que - jusqu'à présent - seuls les Néerlandais ont fait de la volonté d'influer sur cette "normalisatie" un objectif explicite de leur politique devant les drogues. Ainsi, lorsque le gouvernement français supprime la prescription médicale pour l'obtention de seringues, il cherche à influer les normes de consommation des usagers intra-veineux de drogues dans un sens de moindre dangerosité et pratique donc une politique de "normalisatie". Mais il s'agit d'une "normalisatie" honteuse, qui n'ose pas dire son nom. Pourquoi? Parce qu'elle semble aux responsables français être en contradiction avec l'impératif moral à la base de leur politique: "il ne faut pas se droguer".

Si la "normalisatie" relève de la société civile, en revanche, les interdits et les réglementations, qui sont de la responsablité du politique, sont des ingrédients indispensables du processus de "normalisatie" et c'est à ce niveau que se trouvent mis en rapport la question de la gestion d'une société et celle de son devenir.

Une politique explicite de "normalisatie" suppose l'abandon de la métaphorique vide de la "guerre à la drogue" et son remplacement par un projet de "domestication" des drogues. Elle suppose également de reconnaître explicitement que l'Etat a affaire à un processus qu'il ne maîtrise pas, mais qu'il a pour devoir de contrôler puisque, en tout état de cause, il en est partie prenante. On empêchera pas plus les gens de se droguer que les marées de se perpétuer: telle est la vérité à laquelle les Néerlandais ont choisi de faire face, et il ne s'agit ni de faire "comme si" une loi était toute puissante ni de respecter la "normalisatie" dans son ineffable spontanéité, car il en est des "normalisaties" comme des marées, certaines peuvent être catastrophiques.

Le projet explicite de "normalisatie" anticipe et suggère un dynamisme de l'histoire et de la culture: société ouverte, histoire en mouvement et culture se créant. L'interdit anticipe et suggère, quant à lui, une société statique et close.

La "normalisatie" néerlandaise et l'interdit presque partout ailleurs sont des politiques qui ont le mérite d'exister, contrairement au projet anti-prohibitionniste. Si l'anti-prohibition prône la réglementation de la consommation des drogues, quelle articulation prévoit-elle entre cette réglementation et le processus de "normalisatie"? C'est en approfondissant cette interrogation que je compte conclure mon éventuelle communication au colloque "Prohibition and anti-prohibition on drugs".

 
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