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Partito Radicale Centro Radicale - 9 agosto 1995
légalisation des drogues

LA LÉGALISATION DE LA DROGUE: UN GENOCIDE?

L'usage de la drogue a fait des milliers de morts.

par Gabriel Nahas

(Le Figaro, 28 juillet 1995)

Une légalisation de la drogue est l'équivalent d'un génocide déclarait le 15 mai dernier, M. Lee Brown, le directeur général du Bureau de Lutte contre les Stupéfiants aux Etats-Unis et qui a rang de ministre dans le gouvernement Clinton. La légalisation de la drogue (ou par euphémisme, sa dépénalisation) n'est rien de plus qu'une capitulation devant les forces qui s'acharnent à empoisonner nos enfants ajouta M. Brown en s'adressant à la Conférence annuelle des Associations des maires des grandes villes du monde unies contre la drogue (Association fondée en 1991 par le précédent maire de Paris, Jacques Chirac). Jamais les Etats-Unis, a conclu Lee Brown, ne légaliseront les stupéfiants ou les drogues illicites, principalement le canna bis, les opiacés et la cocaïne . Assimiler à un génocide la légalisation de la drogue, préconisée en France aujourd'hui par de fortes personnalités médiatiques paraît exagéré, et pourtant une telle affirmation eut se justifier.

L'usage de la drogue, en particulier de la cocaïne et de l'héroïne, a causé aux Etats-Unis, au cours de la dernière décennie, des dizaines de milliers de morts, plus que dans les armées américaines qui ont libéré l'Europe en 194445. Les jeunes noirs des grandes agglomérations urbaines ont été les principales victimes de la drogue ce qui augmente encore la gravité de ce génocide d'un nouveau genre. A NewYork, 26,7 % des 14 843 cas de mort violente (dont de nombreux crimes de sang) examinés à la morgue municipale entre 1990 et 1992 présentaient des traces de cocaïne et parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, constituait la principale cause de décès dans cette tranche d'âge, avant le sida (1). Lorsqu'on ajoute les morts par surdose d'héroïne, on en arrive à des chiffres encore plus alarmants, qui singularisent les jeunes noirs d'Amérique dont l'espérance de vie a actuellement diminué. Cela pourrait justifier la déclaration de Mr Lee Brown, lui-même un - Afro-américain .

Ce n'est pas seulement l'association statistique des stupéfiants avec la mort violente qui pourrait expliquer leur potentiel génocide. C'est aussi leurs propriétés neuropharmacologiques spécifiques. Il est maintenant avéré que ces drogues en quantité infinitésimale modifient le message génétique des cellules cérébrales qui programment la biochimie du cerveau et contrôlent le comportement. Et cela d'une façon persistante et parfois irréversible. En ce faisant, les drogues privent le cerveau de l'homme de sa liberté d'option et le rendent non seulement esclave d'une substance toxique, mais aussi plus apte à commettre des actions criminelles suscitées par un cerveau déséquilibré qui a perdu tout contrôle sur le comportement.

Par ailleurs, ces mêmes drogues sont toxiques pour les cellules germinales : elles altèrent les messages hormonaux du cerveau qui contrôle leur maturation. Ces drogues traversent le filtreplacentaire et vont altérer le développement du cerveau foetal. On les retrouve aussi dans le lait maternel des femmes toxicomanes. Or la cocaïne, le cannabis et les opiacés ont été détectés sur 10 à 20 % de femmes américaines qui ont donné naissance à plus d'un million d'enfants pendant la dernière décennie. (Mais les Américains peuvent remplacer des cerveaux abîmés par,la drogue en important pour les remplacer, les meilleurs cerveaux venus d'Asie ou d'Europe). De telles données scientifiques irréfutables (bien que toujours contestables par les sophistes confortent les mesures juridiques d'interdiction de l'usage des stupéfiants prises de par le monde depuis le début du siècle.

Se basant sur ces données historiques, épidémiologiques et scientifiques, le gouvernement des Etats-Unis a récusé la politique laxiste des décennies précédentes, poussé par l'Amérique profonde, qui refuse de poursuivre ce génocide des temps modernes. Mais où en est l'Europe ? Peut-on lui appliquer les paroles de Lee Brown qui d'ailleurs n'y ont trouvé aucun écho?

En Europe, la situation dans certains pays est pire que celle des Etats Unis il y a dix ans, à en juger par l'acceptation sociale et médiatique de la drogue, par le nombre de morts par surdose et par la banalisation de la consommation de stupéfiants.

En Hollande où la vente de cannabis aux plus de seize ans est légalisée, la consommation d'héroïne et de cocaïne n'a fait que progresser. On y cultive de nouvelles variétés de cannabis contenant 25 % de THC (1). La prescription de méthadone à des milliers d'héroïnomanes entre 1988 et 1993, n'a pas empêché la criminalité d'augmenter de 102 %, les homicides de 33 %, les vols de voiture de 85 %. Ce pays qui a l'une des plus fortes criminalité d'Europe est également devenu un tel centre de trafic des stupéfiants que la France a dû remettre sine die l'application des accords de Schengen.

En Suisse (3), l'Etat a pris le relais des dealers pour commencer la distribution d'héroïne à 700 de ses 30 000 toxicomanes. Pour sept millions d'habitants, la Suisse rapporte 400 décès par surdose de drogue, le taux le plus élevé du monde. La distribution gratuite de 20 000 seringues par jour, l'extension des programmes de substitution à la méthadone à des milliers d'héroïnomanes n'ont guère diminué l'incidence du SIDA avec 286 cas nouveaux en 1994, l'un des taux les plus élevés d'Europe. La Suisse est également devenue la plaque tournante du commerce des drogues synthétiques, telles le LSD et l'Ectasy.

En Italie et en Espagne où usage et possession de stupéfiants sont dépénalisés depuis des années, on compte des centaines de milliers d'héroïnomanes et de cocaïnomanes et dans chaque pays plus d'un millier de morts par surdose en 1992. La toxicomanie a atteint un niveau qui a altéré le tissu social et politique de ces pays. L'usage de la méthadone sur une grande échelle n'a guère changé la dérive générale vers une légalisation du fait de la drogue.

La Russie et les anciens pays de l'Europe de l'Est sont également devenus depuis dix ans, de gros consommateurs de drogue ainsi que des centres de trafic d'héroïne et de cocaïne.

Seule la Suède peut donner un exemple à l'Europe. Après avoir égalé les Américains dans les années 70, les Suédois devant la montée de la toxicomanie au cannabis et aux amphétamines, prirent des mesures très restrictives qui furent salutaires : fortediminution du trafic et de la consommation du cannabis chez les jeunes et les soldats du contingent ; stabilisation de la consommation d'héroïne et d'amphétamines. Sans distribution systématique de seringues et avec un programme méthadone très limité, on a constaté en Suède 28 nouveaux cas d'infection HIV en 1994. La Suède dont le gouvernement a réitéré sa politique de refus de la drogue, émule en Europe le Japon, Singapour, la Corée où règne une politique d'interdiction rigoureuse avec des résultats très probants.

En France, la situation continue à se dégrader : saisies de drogue (63 tonnes), interpellations (60. 000 morts par surdose (plus de 500) ont toutes augmentées de 1993 à 1994.

On dénombre 20. 000 héroïnomanes, dont la moitié, séropositifs, sont condamnés à périr prématurément. La politique de diminution des risques par distribution de seringues et de préservatifs et l'ouverture de salles d'injection propre n'ont guère ralenti l'extension du mal dans les pays où elle est déjà pratiquée. La prescription médicale de la méthadone se généralise sans les contrôles de laboratoire essentiels pour éviter les surdoses létales. La consommation de cannabis fumé par 5 millions de Français, est encouragée par des publications qui s'étalent devant les kiosques en enfreignant impunément la législation interdisant l'incitation à l'usage des stupéfiants. La légalisation du hasch est recommandée par des commissions nationales, alors qu'elle vient d'être proscrite formellement par le ministre de la santé des Etats Unis, Donna Shalala (4). Il règne aussi une confusion générale des esprits créée par l'ignorance sur les effets pervers des stupéfiants sur le cerveau même dans les publications gouvernem

entales destinées à l'information scolaire.

Si la France, pays de 55 millions d'habitants (un centième de la population mondiale), veut maintenir son rôle historique dans le monde, basé sur les valeurs de sa culture, elle ne peut se permettre de laisser périr ou dépérir, chaque année, des milliers de jeunes cerveaux abîmés par la drogue au nom d'une idéologie qui accepte la banalisation de l'aliénation mentale.

Le nouveau gouvernement de la France doit réagir et changer de cap en adoptant une politique claire, définie au plus haut échelon de l'Etat, dans la ligne tracée par le Général de Gaulle. Il doit arrêter la dérive vers l'acceptation, sinon d'un génocide, du moins d'un mode de pensée et de comportement qui dégrade l'Homme, sa société et sa descendance. Il est grands temps que la France donne l'exemple qui puisse assurer sa pérennité culturelle dans l'Europe de demain.

 
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