Appel pour un moratoire

La Libre Belgique - Samedi 16 - Dimanche 17 novembre 1996

La Coordination radicale antiprohibitionniste (Cora), organisation politique européenne non-violente, a déposé au Parlement belge un appel en faveur de l'intervention de l'Etat de droit pour une législation contrôlée de la production, du commerce et de la consommation des drogues. Cet appel a été signé par 409 personnalités, dont 103 professeurs des Universités belges. Plusieurs signataires de l'appel soulignent l'urgence d'une décision. Ainsi Me Beauthier dénonce la situation de surpopulation et de violence dans les prisons. Le pouvoir, selon lui, se livre à un chantage avec les toxicomanes. L'incarcération, dit-il, est évitée si l'inculpé paie une somme de 25.000 francs, avec bien entendu le fichage de celui-ci et le risque de pressions ultérieures. Selon Patrick Moriau, député PS, la santé publique est mise à mal par une politique contradictoire. Lui aussi appuie la nécessité du contrôle de la qualité des produits et de la distribution régulière. Le sénateur honoraire PRL le comte Boël, membre de la Cora,

insiste sur l'importance de la liberté et de la responsabilité individuelle, La prohibition actuelle va à l'encontre du désir de la société. Elle ne fait qu'aggraver les problèmes comme ce fut déjà le cas aux Etats-Unis avec l'alcool, dit-il. Enfin, selon le Dr Picard, la politique répressive actuelle peut être comparée à celle qui a sévi pendant des années en Belgique à propos de l'avortement avec toutes les conséquences désastreuses qui en résultèrent. Selon lui, il serait crucial d'instaurer un moratoire qui mette fin à cette guerre contre les toxicomanes et qui permette aux gouvernants de résoudre ce problème dans la sérénité et de manière adaptée.