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Conferenza droga
Partito Radicale Centro Radicale - 2 aprile 1997
France/Académie des sciences/drogues douces

D'AUBERT FAIT DU HASCH POLITIQUE

par François Devinat

Libération, mercredi 1er avril 1997

Commandé par le secrétariat d'Etat à la Re cherche pour faire un bilan des connaissances sur les dérivés du chanvre indien, le rapport de l'Académie des sciences sur aspects moléculaires, cellulaire et physiologiques des effets du cannabis (Libération du 29 mars) a été officiellement rendu public hier. Le secrétaire d'Etat à la Recherche, François d'Aubert, n'avait pas attendu sa publication pour affirmer dans le magazine l'Express que ce rapport ne peut que convaincre des dangers liés à la consommation de cannabis. Mais la conférence de presse sur ce sujet qu'il avait organisée hier a sérieusement relativisé la portée d'un rapport déjà instrumenté par le gouvernement Juppé pour justifier la prohibition du cannabis par des arguments scientifiques. Selon Pierre Volfin, directeur de recherche au CNRS, qui a supervisé les travaux de l'Académie, les 25 experts mis à contribution n'ont fait que rassembler l'essentiel de la littérature scientifique disponible sur le cannabis. Le rapport ne contient donc aucune an

alyse ou mise en perspective, et ses passages les plus alarmistes sur l'impact neurophysiologique de la marijuana ne sont que des hypothèses. Notamment celles, très controversées, qui concernent les effets sur le système immunitaire ou sur le génome humain. Le document fait sur ce point référence à un livre du croisé anti-hasch qu'est le professeur Nahas (Il n'y a pas de drogue douce.). On est un peu légers au niveau des phénomènes immunologiques, a admis hier Pierre Volfrin. Ce n'est pas un rapport exhaustif Maison a dé-couvert l'intérêt du sujet à l'Académie des sciences ...

Membre du groupe d'experts, le neuropharmacologue Jean-Pol Tassin, qui passe pour un scientifique français averti de la question, a été plus net dans ses réserves. Il s'est dit surpris par le communiqué de presse de François d'Aubert qui, dès le 27 mars, affirmait que, selon le rapport, l'usage, de la marijuana entraîne toute une série d'effets toxiques à plus ou moins long terme. une atteinte de la fonction respiratoire, des modifications de la pression artérielle, une réaction immunosuppressive et une atteinte des capacités de mémoire et d'apprentissage. Une phrase mise en exergue qui, selon Jean-Pol Tassin, vient du prérapport rédigé par des spécialistes étrangers au domaine de la toxicologie. Curieusement, a-t-il relevé, le document de l'Académie n'a pas repris dans sa version finale l'introduction du travail rendu par les toxicologues affirmant notamment: Il est généralement admis que le cannabis est un produit à faible toxicité aiguë (... ) Il serait préférable à l'alcool et au tabac... Et Jean-Pol Tas

sin d'affirmer en résumé hier: Le cannabis est un toxique faible. Il n'y a pas de risque zéro, mais ce n'est pas un poison. Son principal danger vient de son utilisation chez des gens qui ont déjà des problèmes psychiques. Quant aux troubles sur la mémoire, on manque d'études épidémiologiques sérieuses qui sont à faire en comparaison avec d'autres produits comme les benzodiazépines (contenus dans certains médicaments anxiolytiques). Jean-Pol Tassin reconnaît toutefois une tendance inquiétante dans l'augmentation du taux de tétrahydrocannabinol (THC) dans la marijuana constatée actuellement, via notamment les plants dopés cultivés sous serre aux Pays-Bas. Malgré tous les bémols mis à la clé du rapport de l'Académie, François d'Aubert a jugé que ce document confirmait la nécessité de maintenir l'interdit sur la dépénalisation. C'est le principe de précaution qui s'impose, même si le danger n'est que de un sur mille. C'estcomme l'héroïne ou la cocaïne, il peut y avoir des overdoses selon les produits. Bien sûr,

il n'y a pas d'overdose de cannabis, mais le danger existe ... Quid du tabac et de l'alcool qui posent moins de cas de conscience? C'est un autre problème. C'est un problème politique. Interrogé enfin sur les effets thérapeutiques du cannabis mentionnés dans le rapport et reconnus dans deux Etats américains, le secrétaire d'Etat a assuré avec Pierre Volfin qu'aucune étude sérieuse n'étayait cette vertu médicinale (notamment pour soulager la douleur des malades du sida), malgré la prolifique littérature 1 anglo-saxonne sur ce sujet. En France, a glissé Jean-Pol Tassin, aucun labo ne travaille là-dessus, et pour cause: le cannabis reste illégal pour la loi .

 
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