DOMINIQUE VOYNET RELANCE LE DEBAT SUR LA DEPENALISATION DES DROGUES DOUCES
par L.F.
Le Monde, mercredi 24 septembre 1997
LES PROPOS de Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, dans Charlie Hebdo du 17 septembre, commencent à faire des vagues. La ministre s'était déclarée toujours favorable à la légalisation de la marijuana et, en tant que médecin et femme politique, elle s'est dite plus inquiète du nombre de Français qui ont besoin de somnifères que du nombre de gens qui avouent avoir fumé un joint. Ces déclarations, conformes aux engagements des Verts pendant la campagne des élections législatives, ont provoqué la fureur de Philippe de Villiers, député de Vendée et président du Mouvement pour la France, qui a demandé la démission de Mme Voynet. Lundi 22 septembre, le nouveau président du groupe RPR à l'Assemblée, Jean-Louis Debré, a fustigé les dires irresponsables d'Élisabeth Guigou, ministre de la justice, la veille sur TF 1, pour qui ce n'est pas un drame de fumer un joint sauf [... ] si cela devient régulier. La lutte contre la toxicomanie doit être une priorité pour tout gouver
nement a affirmé M. Debré, et les socialistes ne peuvent s'en dédouaner sans risque de mettre à mal notre jeunesse qui a besoin, plus que jamais, de repères. Cette reprise du débat sur la dépénalisation des drogues douces et sur la réforme de la loi du 31 décembre 1970 sur les stupéfiants pourrait n'être qu'un feu de paille, le PS n'ayant toujours pas trouvé de consensus dans ses rangs. Le cannabis reste le stupéfiant illicite le plus consommé en France, le nombre de fumeurs réguliers étant estimé à 1 million.