Dominique Voynet relance le débat sur les drogues douces
PARIS, 23 septembre, Reuter - Le ministre de l'Environnement, Dominique Voynet, a prôné mardi l'ouverture d'un débat sur la dépénalisation des drogues douces, suscitant de vives réactions de l'opposition. Egalement attaquée, Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, s'est défendue mardi d'avoir adopté la même position, précisant avoir simplement dit: "ce n'est pas un drame de fumer un joint, sauf que si cela devient régulier. Cela peut aussi devenir une dépendance". "Les récentes déclarations de Mmes Voynet et Guigou quant à l'attitude à adopter à l'égard de la consommation de drogues dites douces sont inquiétantes et choquantes", a néanmoins déclaré Elisabeth Hubert, ancien ministre RPR de la Santé. "Ces deux membres du gouvernement, nostalgiques des années post-68, ont à l'évidence oublié qu'elles étaient ministres de la République", a-t-elle ajouté dans un communiqué. Pour Elisabeth Hubert, par "démagogie, ignorance ou laxisme", les deux ministres se font "les avocats d'une libéralisation de l'usage des dro
gues douces". Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, a réclamé la démission de Dominique Voynet du gouvernement et Jean-Louis Debré, nouveau président du groupe RPR, a dénoncé des propos "irresponsables". "La lutte contre la toxicomanie doit être une priorité pour tout gouvernement et les socialistes ne peuvent s'en dédouaner sans risque de mettre à mal notre jeunesse qui a besoin, plus que jamais, de repères", a-t-il dit. "Je crois que M. Debré devrait manger davantage de chocolat", a répliqué Dominique Voynet, qui est chef de file des Verts. Dans une interview à Charlie Hebdo, le ministre s'était déclarée la semaine dernière "toujours favorable" à la légalisation de la marijuana. Sans renier de ses propos, elle a souhaité mardi, dans les couloirs de l'Assemblée nationale, que l'on ouvre enfin le débat "car il n'a jamais été vraiment mené dans ce pays, sinon sur la base de rumeurs irrationnelles et d'affirmations non vérifiées". "Il y a des gens qui prennent des produits prohibés
, d'autres qui sont alcooliques, d'autres qui fument exagérement, d'autres encore qui ont besoin de tranquillisants pour dormir ou d'excitants pour mettre le pied en bas de leur lit", a-t-elle dit. Dominique Voynet a ajouté que ce "vrai problème de santé publique" devait "être pris à bras le corps de façon très sérieuse". "Je pense que Bernard Kouchner (secrétaire d'Etat à la Santé) le sait et s'en occupe". Elle a ajouté ne pas comprendre "que la discussion puisse se focaliser sur un produit particulier qui n'est pas, loin de là, le plus dangereux". Dominique Voynet, qui est médecin, estime que l'opposition "fait son travail" en critiquant ses propos "mais qu'elle ne traite pas le problème de façon sérieuse, au fond des choses". "Si elle le faisait, elle devrait savoir que le Comité national d'éthique défend les mêmes positions que moi, que la commission Orion, qui s'était penchée sur cette question, aussi, et que les principaux syndicats de policiers sont favorables à la dépénalisation". Dans un commun
iqué, Elisabeth Guigou a affirmé de son côté que ses propos avaient été "tronqués" et "déformés" car "la question de l'usage de stupéfiants est trop complexe pour être réduite à des formules à l'emporte-pièce". Lors de l'émission Public, dimanche sur TF1, le garde des Sceaux avait notamment souligné que le sujet de la drogue ne pouvait pas être traité "sommairement". "Je crois qu'il ne faut pas qu'on mente aux jeunes, je crois qu'il faut qu'on dise à la fois qu'il y a des drogues dans lesquelles la dépendance est immédiate, comme l'ecstasy. Il y en a d'autres où la dépendance survient extrêmement rapidement, comme l'héroïne ou la cocaïne. Il y en a d'autres, ce n'est pas un drame de fumer un joint sauf que si cela devient régulier, cela peut aussi devenir une dépendance".