Des experts anti-tabac: mieux aider les fumeurs à abandonner la cigarette
Par Serge ROMENSKY
GENEVE, 24 sept (AFP) - Un groupe d'experts a préconisé mercredi à Genève une action énergique pour promouvoir les substituts au tabac tels que chewing-gums et timbres à la nicotine, afin d'aider un milliard de fumeurs dans le monde à abandonner avant que la moitié d'entre eux ne soient tués par la cigarette. Si nécessaire, les produits de substitution doivent être pris toute la vie, selon ces experts. Chaque année 3 millions de personnes meurent de maladies telles que le cancer du poumon dues à la cigarette, et ce chiffre grimpera à 10 millions d'ici 20 ans, touchant principalement les pays en développement, ont souligné les experts réunis durant trois jours par la conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED). Inciter les gens à ne pas commencer à fumer ne suffit plus, il faut aider ceux qui fument déjà à lutter contre "le plus grand tueur évitable de la planète", a dit à la presse Raul Uranga, un responsable de la CNUCED. De très nombreux fumeurs qui voudraient s'arrêter n'y a
rrivent pas, parce que la nicotine contenue dans le tabac provoque une très forte accoutumance, ont souligné les experts. Quand on fume une cigarette "la nicotine va droit au cerveau" et l'on sait maintenant qu'elle y crée des récepteurs qui créent cette accoutumance, a indiqué le Dr Jack Henningfield, de l'université américaine John Hopkins. C'est ce changement interne du cerveau qui rend si difficile d'arrêter la cigarette, et la simple force de la volonté ne suffit pas dans bien des cas, a-t-il observé. Ce n'est pas la nicotine elle-même qui tue, mais le goudron et les autres produits nocifs de la cigarette, ont souligné les experts, selon lesquels n'importe quel autre moyen d'apporter la nicotine à l'organisme est préférable à la cigarette. Si nécessaire, les produits de substitution à la cigarette doivent pouvoir être pris pendant des mois et même des années, ont-ils indiqué, voire toute la vie, selon le Dr Henningfield. "Nous savons maintenant que ce n'est pas la nicotine qui tue les gens, mais que la
nicotine est la raison pour laquelle ils utilisent un système de fourniture de la drogue hautement contaminant, la cigarette", a dit le Dr Henningfield. "Le rôle de la nicotine dans le cancer du poumon est donc comparable au rôle de l'héroïne dans l'expansion du SIDA. Le SIDA n'est pas provoqué par l'héroïne, et le cancer n'est pas causé par la nicotine, mais la nicotine et l'héroïne poussent les gens à utiliser des système hautement contaminants de fourniture de la drogue", a ajouté l'expert médical américain. La nécessité de revoir les législations pour rendre plus accessibles les substituts à la cigarette a été soulignée par l'avocat de l'Association canadienne pour les droits des non-fumeurs, David Sweanor. Actuellement, les produits contenant de la nicotine de substitution sont beaucoup plus réglementés que la vente des cigarettes, ce qui est "le monde à l'envers", selon lui. "Nous devons remettre le monde à l'endroit, de manière à ce que moins un produit est nocif, plus il devient accessible", a-t-il a
jouté. La nicotine de substitution devrait être "au moins aussi facile à obtenir que la maladie elle-même", a dit le Dr Karl Olov Fagerstrom de l'hôpital des maladies pulmonaires d'Helsinborg en Finlande.bm eaf