Relance du débat sur la dépénalisation des drogues douces par
Jean-François BUGLET
PARIS, 24 sept (AFP) - La prise de position du ministre de l'Environnement, Dominique Voynet, en faveur de la légalisation du cannabis a relancé le débat sur la dépénalisation des drogues douces, même si le ministère de la Santé estime que cette question "n'est pas à l'ordre du jour". Près de deux Français sur trois sont hostiles à toute dépénalisation, selon un sondage IFOP réalisé en juillet, tout comme la grande majorité des dirigeants politiques de droite. La gauche apparaît en revanche divisée, à l'image du monde médical. A la veille de l'élection présidentielle, tous les candidats, de Jean-Marie Le Pen à Arlette Laguiller, s'étaient opposés à une quelconque dépénalisation, à l'exception de Dominique Voynet, qui prônait "une législation contrôlée des drogues". "Aucun argument scientifique ne justifie la dépénalisation", avait alors affirmé Jacques Chirac. "Même le cannabis n'est pas inoffensif", avait pour sa part estimé Lionel Jospin, qui avait exprimé sa crainte que la dépénalisation incite certains j
eunes, dont la démarche répond surtout à la volonté de "transgresser l'interdit", à l'usage de l'héroïne. Pour l'organisation Médecins du Monde, "la principale toxicité du cannabis est de conduire en prison, la guerre aux drogués épargnant les grands trafiquants internationaux". Favorable à la dépénalisation, à l'image du Pr Claude Olievenstein, le Pr Roger Henrion, auteur d'un rapport sur la toxicomanie, souligne que la loi de 1970 qui "fait du toxicomane un délinquant est contournée, appliquée inégalement et constitue une entrave à la réelle politique de prévention"