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Conferenza droga
Partito Radicale Centro Radicale - 14 novembre 1997
Drogue/manifestation de la Cora à Rome

par Marie-Cécile Royen

Le Vif-L'Express, 14/11/97

L'HEROINE AMBIGUE

Le trafic de stupéfiants a été le détonateur de la fusillade mortelle et des émeutes d'Anderlecht. Pour les partisans de la légalisation des drogues, il s'agit d'une »leçon qui démontre l'absurdité de la prohibition en vigueur.

»Gestion des drogues en Belgique : 1 mort et une émeute ; des blessés, de arrestations et des dégâts matériels La prohibition accumule les échecs Seule une légalisation des drogue permettra d'en contrôler le marché e de mettre fin aux trafics mafieux ... Pour le Dr Eric Picard, consultant a centre » Midrash (accompagnement de parents toxicomanes) et secrétaire de la CORA (Coordination radicale antiprohibitionniste), les incidents du week-end dernier sont une occasion de taper, une fois de plus, sur le clou. Son raisonnement est simple : la prohibition est une absurdité économique qui dynamise le marché mafieux des drogues, rend impossible le jeu de la concurrence et le contrôle de la qualité des produits vendus. Elle crée-les conditions d'une criminalité qui menace très gravement la sécurité publique. » Alors que l'interdiction des drogues reste présentée comme une nécessité évidente, certains policiers et gendarmes de terrain envisagent déjà leur rôle dans le cadre d'un marché contrôlé, déclare le Dr Pic

ard. L'opinion publique elle-même évolue dans ce sens. Un sondage récent de La Nouvelle Gazette montre que 55 % seulement de la population est opposée à une distribution contrôlée du cannabis et que les moins de 35 ans, en majorité, y sont carrément favorables. Le mot » prohibition évoque immanquablement la » loi sèche de 1920 interdisant toute vente d'alcool aux Etats-Unis. Par son excès de puritanisme, cette répression a entraîné le pays dans des désordres inimaginables. Elle aurait créé un demi million de nouveaux délinquants, une corruption à tous les niveaux, et entraîné la mort de près de 100 000 personnes par absorption d'alcool frelate. Pendant ce temps les trois grandes » familles irlandaise , juive et italienne se livraient une guerre sans merci pour garder le contrôle des tripots clandestins. La » loi sèche fut abrogée en 1933 mais l'interdiction de l'héroïne offrit une porte de sortie aux gangsters...

Vieil exemple chinois

L'histoire conserve un autre exemple célèbre d'abrogation de la prohibition : la Chine de l'impératrice Tseuhi (1835-1908). Après les deux guerres de l'Opium menées par les Anglais et leurs alliés européens pour imposer à la Chine, qui s'y opposait, la » liberté du commerce de l'opium, l'impératrice mandchoue asséna un rude coup à la compagnie anglaise East India Company en légalisant l'importation et la consommation d'opium (taxée à 5 %). Son successeur sur le trône alla plus loin : en 1880, il autorisa à nouveau la culture du pavot en Chine, ouvrit des centres de désintoxication pour tous ceux qui voulaient en finir avec leur dépendance et lança des programmes de prévention. D'après les historiens chinois, il n'en résulta pas d'augmentation du nombre d'opiomanes (1). Un tel scénario, destiné à couper l'herbe sous le pied des organisations mafieuses et à introduire des règles dans le commerce international de la drogue, est loin d'être admis en Belgique, même si, officieusement, de hauts responsables ne c

achent pas qu'on avance lentement dans cette direction. Outre les mentalités, les traités internationaux ratifiés par la Belgique constituent un obstacle à tout changement. Ils laissent toutefois une marge d'interprétation aux autorités locales. C'est ainsi que les villes de Liverpool, Zurich, Amsterdam (bientôt Liège ?) ont autorisé une expérience sévèrement contrôlée de distribution d'héroïne aux » junkies rétifs à tout traitement.

Dans l'hypothèse d'une légalisation, même lointaine, de certaines drogues, une partie de l'économie souterraine où se déroule le trafic des stupéfiants risquerait de s'effondrer. Or, au niveau de la petite et moyenne distribution, le commerce de la drogue offre à des jeunes de milieux défavorisés l'occasion de s'enrichir très rapidement, de façon voyante, au point de susciter des sentiments ambigus de dégoût et d'envie au sein même de leur entourage. En effet, la condamnation morale du trafic de drogue décroît à mesure que la survie économique du groupe familial en dépend. C'est ce qui se produit incontestablement dans certains quartiers proches de la gare du Nord et du Midi, à Bruxelles. e

(1) Lire, à ce propos, Histoire élémentaire des drogues, par Antonio Escohotado, éd. Lézard, 1995.

 
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