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Partito Radicale Centro Radicale - 2 luglio 1998
Congrès de la CORA: intervention de Jean-François Hory

SAMEDI 6 JUIN 1998 (MAISON DE LA CHIMIE)

Jean-François HORY (député européen ARE, Président de la CORA, du PRT) (Transcription)

Merci Marco. Merci à tous de votre présence assidue et de la qualité de votre attention, des interventions que, pour ma part, j'ai trouvées également d'excellent niveau. Evidemment, tout le monde a été sensible aux interventions de mes deux prédécesseurs parlementaires mais également à tout ce qui s'est dit par ailleurs au cours de nos travaux. Vous me permettrez de dire un mot particulier à l'adresse de Marco Pannella, même si, pour une petite heure il prend le repos que sa santé lui impose. Je voudrais d'abord le remercier d'être parmi nous et de participer de façon très très active à ces travaux parce que vous savez tous quelles ont été ses difficultés de santé. N'importe qui d'autre en serait resté allongé des semaines et des mois. Il a repris le chemin militant quelques jours après une opération d'une extrême gravité. Il faut donc l'en remercier. Mais je veux le remercier aussi des propos qu'il a tenus et, notamment, de l'analyse qu'il a faite du projet que j'avais eu l'honneur de porter il y a 4 ans lo

rs des élections européennes autour de Radical, le Parti des Radicaux français, avec Bernard Tapie. Je ne sais pas si l'analyse que Marco a présentée correspond exactement aux résultats que, sur le moyen terme, nous avons obtenus mais je sais que ce qu'il en a dit correspondait exactement à notre projet et, dans ce qu'il disait, j'ai trouvé le projet tellement vivant que je me suis dit que, sans doute, cet espoir-là n'était pas mort. Marco a même poussé l'amitié à votre égard, la coquetterie à mon égard, jusqu'à inventer entre nous des divergences idéologiques. C'est en quelque sorte pour pimenter nos débats, j'en redirai un mot. Pour l'heure, il s'agit du Congrès de la CORA et je ne m'étendrai pas sur les aspects techniques de la délibération qui ont été examinés très en détail. Ma position personnelle est connue. La CORA étant un lieu de liberté, chacun peut donc y défendre dans une ligne générale des lignes personnelles argumentées différemment. Ma position donc est connue, elle tient en quelques mots: lé

galisation du chanvre et de ses dérivés, dépénalisation de tous les usages, médicalisation de toutes les dépendances et mise en place d'un système international public de maîtrise de l'offre pour toutes les pseudo-drogues. Ce dernier point est un objectif en soi et il est aussi le moyen de nous amener tactiquement à la procédure évoquée par Olivier - c'est un de ses sujets préférés - à savoir, que la cible pour les antiprohibitionnistes aujourd'hui, ce sont les Conventions Internationales prohibitionnistes, quels que soient les succès d'étape ou les progrès dans les opinions publiques que nous pouvons obtenir dans nos champs nationaux respectifs. La vraie cible, c'est bien la mise en cause, au nom du droit international public, des Conventions Internationales prohibitionnistes. Je ne m'étendrai donc pas là-dessus parce que nous sommes à peu près tous d'accord et nous sommes tellement d'accord que je voudrais d'ailleurs rappeler à la plupart des participants que ce ne sont pas les membres de la CORA qu'il s'a

git de convaincre, le travail ne se fait pas là. Ne passons pas trop d'énergie à nous dire entre nous ce sur quoi nous sommes déjà d'accord. Essayons d'en convaincre à l'extérieur. Pour ma part, je voudrais évoquer des questions franchement politiques. D'abord parce que je ne suis pas un militant associatif mais un militant politique, même dans les associations, et, ensuite, parce que je crois que, même si nous le restreignons à son strict objet, le thème de l'antiprohibitionnisme est un thème qui fait résonner un grand nombre de questions politiques comme Maurizio l'a dit ce matin. Je voudrais donc évoquer tout d'abord, même si elle peut paraître un peu organisationnelle à ceux qui ne sont pas des dirigeants ou qui n'ont pas de goût pour le travail d'organisation, la question évoquée à diverses reprises depuis ce matin en tout cas - et j'imagine pendant les travaux d'hier auxquels, comme vous le savez, je n'ai pas pu participer - des relations entre la CORA et le Parti. Je n'ai pas entendu tout l'exposé de

Jean-Luc. Je suis arrivé alors qu'il était occupé à le finir. Je ne sais donc pas vraiment comment il l'avait commencé. J'ai senti qu'il était réservé sur une pure et simple dissolution de la CORA dans le Parti. Thierry Meyssan me disait qu'il y avait un bon moyen de régler mon cumul des mandats puisque je préside les deux; c'est en effet de dissoudre l'un ou l'une dans l'autre. Moi je n'ai réclamé aucune des deux présidences. Je ne tiens donc pas à conserver à tout prix le cumul, ni même l'une ou l'autre. Mais je crois que ce n'est pas une bonne idée que de dissoudre la CORA dans le Parti Radical Transnational. Très franchement, aujourdhui, le Parti ne vit que par ses organisations périphériques. C'est quand-même une curieuse idée que de vouloir vider la CORA dans le Parti comme si la CORA était un liquide sans forme et le Parti un contenant. Ce n'est pas ce que nous avons voulu faire. Il y a un parti et des organisations satellites. Je dis satellites, ce n'est pas du tout péjoratif. Je ne le dis pas pour d

ire qu'elles seraient inférieures en légitimité. Mais, simplement, d'abord, c'est l'organisation que nous avons voulue. Une organisation de type moléculaire avec un noyau dur auquel tout le monde puisse se rattacher comme dans un système de gravité et des atomes libres qui viennent s'ajouter précisément à la masse de l'ensemble. C'est cela que nous avons voulu organiser et pas un gros truc carré et le retour à je ne sais quelle forme de centralisme qui serait une négation de la liberté des gens qui, individuellement, participent à "Ne touchez pas à Caïn" ou "Pas de Paix sans Justice" ou à la "Coordination Radicale Antiprohibitionniste". Nous n'avons pas voulu enfermer les idées et les libertés. Nous avons voulu au contraire leur donner des chances et les déployer. Donc, moi je tiens à ce que les organisations restent libres même si elles sont proches du Parti. J'ai dit satellites aussi, non seulement parce que c'était le type d'organisation que nous avions voulu, mais parce que... imaginez l'URSS lançant des

satellites. Les satellites tournent, vivent leur vie, qui dans la météo, qui dans la télécommunication, qui dans la radio, qui dans l'espionnage et, tout d'un coup, les gens qui sont dans ces satellites, dans ces cabines satellisées, apprennent que l'URSS a disparu et que Baïkonour est désormais au Kazakhstan. C'est un peu la situation des organisations satellites du Parti Radical. Et oui. Moi je préside les deux, je peux donc en parler librement. Et comme j'ai ma part de responsabilité dans cette situation, je veux en dire un mot. Au début d'avril 95, le Congrès à Rome a constaté que le Parti était en crise. Ni la crise ni les modalités du constat n'étaient très spontanées d'après moi. Nous avons donc fait le constat que le Parti était en crise et le Congrès a donné une délégation, j'en étais pour ma part le premier surpris, à trois personnes - Danilo Quinto comme trésorier, Olivier Dupuis comme Secrétaire Général et moi-même comme Président - d'administrer collégialement le Parti pendant un an. Pendant un

an, c'est le souvenir que j'ai. Mais déjà, on est en désaccord avec mon Secrétaire Général qui dit deux ans. Dans tous les cas, c'est dépassé un an ou deux. A mon avis, pendant un an... et d'en rendre compte à un Congrès dont personne ne savait, avant ce moment-là, comment on allait bien pouvoir le convoquer puisque c'était sur l'impossibilité de faire fonctionner le Parti normalement qu'on mettait en place ce dispositif transitoire. Les Français auraient dû savoir par leur histoire que les formules de directoire, ce n'est jamais très bon. Et les italiens auraient dû se rappeler que le triumvirat, c'est pas mieux. Cela n'a pas très bien fonctionné. Disons les choses nettement. C'est même un euphémisme. Sans doute que les uns et les autres et, en premier lieu, les trois triumvirs ont leur part de responsabilité. Comment Danilo est devenu trésorier de l'administration romaine? Comment, pendant quelques temps Olivier est devenu Secrétaire Général du Tibet et comment j'ai été moi-même président de mes états d'â

me et pas grand chose de plus? Tout cela, c'est notre part de responsabilité à nous. Il est vrai aussi que, par ailleurs, nous avons subi des faits politiques objectivement difficiles. Le départ d'Emma déjà. Emma n'est jamais partie du champ militant et c'est bien. Mais, malgré tout, l'essentiel de son activité est ailleurs. Et son activité lui impose des limites, même si elle franchit quelques fois celles que les conformistes voudraient lui imposer. Donc, Emma n'est plus là pour faire tourner la machine en tout cas. Et puis les radicaux italiens ont fait des choix de politique intérieure qui étaient complexes, risqués, qui remettaient leur existence propre, en tant que réformateurs ou Club Pannella, entre les mains d'autres décideurs qu'eux-mêmes et, surtout, qui, disons le franchement, étaient totalement illisibles de l'extérieur, pour nous Français en particulier. Et puis, nous avons connu - et j'ai connu en particulier - la grave crise politique des radicaux français née de notre succès et née des frayeu

rs qu'il a inspirées dans notre petit appareil radical et dans le monde des pouvoirs coalisés et, pour le coup, bien réconciliés pour chasser les intrus. Et ces faits politiques, nous les avons subis. Et cela a été pour nous une énorme difficulté.

Donc, en fait de Congrès, l'Assemblée des hommes libres est devenue une sorte de système unilatéral des télécopies... au moins vous avez été informés des activités des uns et des autres. Mais de Parti fonctionnant avec les réunions régulières de ses instances, le renouvellement de ses objectifs politiques, le renouvellement de ses dirigeants aussi, nous n'en navons plus pour le moment. Donc, cela me fait un argument de plus pour dire que la CORA et les autres doivent rester groupés en tant que tels et demander, le cas échéant - j'ai compris qu'on le demandait ici - et exiger, pour ceux qui sont militants du Parti, que le Parti reprenne des initiatives dans le champ politique et se réorganise véritablement comme un parti, même si l'organisation de celui-ci a toujours été originale, j'en dirai un mot.

Quant à la CORA elle-même et à ses objectifs politiques, je vais dire deux choses, au risque de prendre tout le monde à rebrousse-poil. Deux désaccords forts. Il y a, et cela a été formulé ce matin par Maurizio, une proposition de slogan pour les étapes futures de la campagne antiprohibitionniste à savoir; le prohibitionnisme est un crime contre l'humanité. Je crois que ce slogan n'est pas bon. Alors... Je ne le donne pas comme donneur de leçons à l'usage de tout le monde, des uns et des autres. Il est peut-être bon en Italie. Il est peut-être bon en Belgique, bien que, la Belgique, je connais un peu, je ne suis pas sûr. Mais ce que je sais, c'est qu'il n'est pas bon en France. D'abord parce que, à tort ou à raison, ses récepteurs le ressentiront comme un excès. Je ne suis pas contre tous les excès. Il faut parfois des excès. Les radicaux français, les radicaux italiens n'ont pas été les derniers à en commettre. Mais, j'ai souvenir d'une émission de télévision qui opposait François Miterrand aux catégories s

ocio-professionnelles sur des thèmes européens. Il avait en face de lui un agriculteur qui lui disait: "les agriculteurs sont victimes d'un génocide et je pèse mes mots". Grand Dieu! Qu'est-ce que ce type aurait dit s'il n'avait pas pesé ses mots. Je crois que l'efficacité politique, cela ne consiste pas à dire des choses convenables, des choses molles, des choses que personne n'entend tellement elles sont inaudibles. Mais cela consiste, notamment, à peser ses mots pour les mettre en adéquation exacte avec ce que l'on veut dire de sorte que ceux qui lentendent, entendent exactement ce que l'on a voulu dire. Et là, je crois que ce slogan n'est pas bon pour la France. Vous en jugerez pour le reste. Moi je vous donne mon point de vue pour la France. Je sais que la locution "crime contre..." laissons de côté les aspects juridiques. Parce que Maurizio a raison au moins sur un point, le crime contre l'humanité n'est pas défini en droit international public positif. Il est défini par les vainqueurs après les guerre

s et donc de façon circonstancielle, impériale et subjective. Ceci me paraît être, Maurizio, une raison de plus de ne pas proposer notre subjectivité à la place de celle des autres et de militer, au contraire, pour qu'il y ait une définition en droit international public du crime contre l'humanité. Tu as dit que c'était aussi un de nos objectifs. Mais, en l'état actuel des choses, juridiquement, ce slogan me paraît mal posé. Ce que je crois, c'est que dans un pays comme le nôtre, la locution crime contre l'humanité correspond à une réalité historique précise sans rapport avec l'antiprohibitionnisme. Je dis cela parce que je veux dire que toutes les personnes qui détournent des vocabulaires qui ont été affectés à la description d'une situation peuvent être accusées de nier la réalité de la situation. C'est pour cela que, contre Olivier et d'autres, je n'ai pas voulu entendre parler non plus d'holocauste en Bosnie parce que le négationnisme n'est pas loin. Le crime contre l'humanité correspond donc à une réali

té historique précise. L'antiprohibitionnisme n'a rien à voir avec cette réalité historique quelles que soient nos convictions et, en plus de la réalité historique, cela correspond également - c'est un peu gênant de le dire mais on est en petit comité - à des projections fantasmatiques qui vous interdisent d'utiliser les mêmes vocabulaires à d'autres objets que ceux où ils ont été affectés. Donc, voilà mon point de vue. En terme politique, je trouve très fort déjà d'écrire le prohibitionnisme est un crime. Je suis d'accord avec cela et je pense que si on s'en tenait là, nous serions mieux entendus et nous ne serions pas accusés d'organiser des provocations à la limite de la vraie responsabilité politique.

Deuxième thème sur lequel je crains de décevoir ceux qui ne sont que membres de la CORA, les autres ne seront pas déçus j'espère; c'est la question de la liste aux européennes. Alors là aussi, j'ai bien écouté Maurizio et tout ce qui se disait par ailleurs. Je comprends que c'est séduisant. C'est séduisant pour l'esprit en tout cas de dire que l'antiprohibitionnisme en 1998, comme l'écologie en 1975, est un schéma explicatif global qui permet de répondre à toutes les interrogations politiques. On peut dire, en effet, antiprohibitionnisme-drogue, antiprohibitionnisme-alcool dans les pays musulmans - Marco en parlait - antiprohibitionnisme - sexuel pour la liberté de comportement et puis, en forçant un peu la logique, on va dire antiprohibitionnisme du travail, antiprohibitionnisme de l'émigration. Et là, je vous le dis, du point de vue de la réflexion politique, c'est n'importe quoi. On ne va pas, avec le thème de l'antiprohibitionnisme, expliquer ce que sont nos positions face à toutes les interpellations qu

i peuvent nous être adressées dans une campagne politique. Deuxième point. Et là, c'est presque du marketing. Quand on fait une campagne électorale, si on n'est pas Le Pen, ou, à la rigueur, Georges Marchais, qui est mort d'ailleurs, on ne la fait pas anti-ceci, anti-cela et anti-ceci encore et anti-tout. Une campagne, on la fait pour quelque chose, on ne la fait pas contre. On ne va pas faire des listes "anti" en expliquant que notre antiprohibitionnisme est un anti-tout et que donc, on va l'adapter à toutes les interrogations des citoyens. Ceci est donc un problème de marketing mais cela peut se formuler autrement. Mais, ce que je crois surtout, c'est que l'antiprohibitionnisme, s'il veut rester un militantisme dense, précisément adapté à un sujet et sûr, comme dans une prémonition, de son efficacité future, il doit rester calé sur son thème. Et moi alors, je l'ai dit, je ne suis pas un militant associatif. Je suis un militant politique. Et je crois que la politique, c'est la tentative de répondre transver

salement aux interrogations des citoyens et non à telle ou telle interrogation seulement. Il n'y a d'ailleurs pas de précédent, dans notre pays au moins, sauf peut-être les questions des chasseurs aux élections régionales pour ceux qui seraient intéressés à faire de la politique comme cela mais... on plaisantait en déjeunant... autant gagner sa vie en participant à des jeux radiophoniques. C'est plus digne. Mais, à part ces chasseurs, il n'y a pas d'exemple de liste thématique à des élections d'importance significative, et en tout cas pas nationales, qui ait réussi son coup. Parce que, même vos militants les plus proches - et Marco l'a rappelé ce matin à propos de l'homosexualité en Italie - ne sont pas un réservoir de clientèle électorale dont vous pourriez disposer. Ils ont, sur d'autres sujets, d'autres interrogations sociales et politiques et une offre qui leur convient mieux que votre offre limitée à l'antiprohibitionnisme. Je suis donc persuadé que ce chemin n'est pas bon, que le slogan n'est pas bon e

t que le prohibitionnisme est un crime est mieux.

Quant à la liste antiprohibitionnisme aux européennes, ou les listes antiprohibitionnisme coordonnées dans toute l'Europe, ce n'est pas une bonne procédure. Cela vous condamnerait à la marginalisation, aux excès de comportement pour attirer l'attention et à un résultat microscopique. Pour autant, je ne crois pas qu'il faille abandonner l'idée de peser sur une élection qui est la seule permettant de poser les grandes questions de société et qui est la seule permettant l'expression autonome, libérée des gens dont les singularités ne se laissent pas réduire au conformisme des grands blocs politiques. Je pense qu'il faut attaquer ce conformisme dans tous les cas car nous sommes confrontés, dans tous les pays d'Europe, et en particulier dans les nôtres - la Belgique, l'Italie, la France m'ont lair plus représentés aujourdhui - à un grand consensus social-démocrate-chrétien qui représente personnellement tout ce que je déteste en politique - mais ce sont mes goûts et ce n'est pas le plus important - qui est une ré

signation à la mondialisation sans limite de l'économie, à la libéralisation des mouvements de capitaux, à l'exercice de la force contre le droit. On croit qu'il y a là-dedans une sorte de fatalité, que ce sera un mouvement d'époque que cette mondialisation, que les modalités mêmes de cette mondialisation. Et moi, je dis que cette résignation, que j'appelle social-démocrate-chrétienne - baptisez la comme vous voulez - c'est une idéologie. C'est le consentement explicite au surplomb de l'économie et de la technique sur la politique et la culture. C'est le renoncement - et Marco la bien énoncé ce matin - aux valeurs de l'universalisme et au nom de la bonne conscience de la gauche social-démocrate car le racisme concave qui consiste à se prosterner devant les différences, à noter pour les juger légitimes toutes les coutumes, toutes les traditions, toutes les religions comme étant également respectables, ce racisme concave aboutit à un racisme tout à fait direct et convexe lui, c'est que l'on estime que les vale

urs de l'universalisme, celles de la fin du XVIII siècle, du monde en développement, les autres, l'autre devant la différence duquel on se prosterne, ne les méritent pas. Et cette résignation, que l'on voit à l'oeuvre particulièrement en Europe, c'est cela aussi... c'est au nom de la liberté de l'argent, au nom de la réification de la marchandise régnant sans partage, c'est le renoncement au libéralisme authentique. Et je rassure Marco, vous le lui direz dès qu'il arrivera, je lui dirai. Moi je suis un libéral comme lui. Nous en avons discuté mille fois. Et pour ma part, j'ai provoqué des querelles doctrinales dans mon parti et j'ai écrit mon point de vue que j'ai publié. Ce n'est donc pas un secret. Je suis un libéral comme lui si nous revenons à la définition initiale du libéralisme politique. Mais le pseudo-libéralisme qui est à l'oeuvre aujourd'hui, c'est le contraire des libertés. Pourquoi est-ce le contraire des libertés? C'est que ce grand accord des blocs démocrates-chrétiens autour de l'idée de char

ité, du bloc social-démocrate autour de l'idée de redistribution et de solidarité, ce grand accord se fait d'abord contre lindividu. C'est en cela qu'il est anti-libéral. C'est une méfiance égale et symétrique à l'égard de lindividu. Elle est moins manifeste que la méfiance du collectivisme communiste ou la méfiance de l'extrême droite fasciste. Mais ce sont des versions banalisées, sécularisées de ces pensées religieuses anti-individuelles. Et c'est pour cela que je veux me battre contre ce système social-démocrate-chrétien et saisir l'occasion des élections européennes. Ce que nous avons fait en 94, c'était précisément autour de l'Individu majuscule. Nous allions essayer de nous adresser à des Individus car - et là encore, Marco la dit - le problème c'est que les pouvoirs les plus illégitimes, les plus opaques, les plus irresponsables que ce soit, dans les médias, dans le monde de l'économie, dans les clubs de la politique, ce pouvoir de caste qui condamne tous les gens qui ne se laissent pas réduire à sa

conception de la vie publique à la clandestinité, au moins à la clandestinité politique. Vous pouvez être, dans le meilleur des cas, assujettis, dénombrés, administrés. Vous pouvez être un contribuable, vous pouvez être un consommateur mais vous n'êtes pas un citoyen. Vous êtes condamnés à la clandestinité politique parce que l'accord que l'on voit aujourd'hui n'est pas sensiblement différent de l'un de nos pays à l'autre. Entre cette espèce de centre-gauche et le conformisme symétrique de centre-droit, cet accord, il est passé pour exercer le pouvoir avec la rescousse des bureaucraties syndicales, des bureaucraties mutualistes et des bureaucraties associatives qui ont perdu leurs idées initiales avec leur complicité pour exercer le pouvoir à l'égard et au profit seul de la partie centrale de la société. Et pendant ce temps-là, ceux qu'en France on appelle les marginaux ne cessent de s'étendre. Ce sont les exclus dont on parle beaucoup en France, les sans domicile fixe mais ce sont aussi les chômeurs, mais c

e sont aussi les immigrés, mais ce sont aussi les jeunes - notamment ceux de la deuxième génération de l'immigration - et ce sont toutes des victimes quotidiennes de toutes les bureaucraties et de tout le système de caste. Ces marges sont donc de plus en plus grandes et on s'en désintéresse complètement. Il y a dans ce pays des départements entiers où la loi ne s'applique plus, où la présence des services publics n'est plus qu'une présence de provocation et de répression, où plus aucun mécanisme de citoyenneté n'est à loeuvre. Et, du haut de leur bastion d'illégitimité et d'abus de pouvoir, les castes qui nous gouvernent désignent tous ceux qui n'obéissent pas à leurs commandements, à leurs injonctions comme des barbares. Ce que nous avions donc essayé de faire en 1994, avec la formidable puissance de Bernard Tapie, c'était de nous adresser aux individus que l'on a agglomérés dans ces masses de marginaux et c'était d'ouvrir les portes de la ville aux barbares tout simplement parce que nous croyons à la Répub

lique et nous croyons en sa capacité de réintégrer tout le monde. Si ceux qui ont confisqué la République estiment que l'on ne doit pas voir de barbares en ville, il ne faudra pas s'étonner - l'histoire nous l'apprend, celle de Rome et celle de Carthage - si demain la ville brûle. Voilà pourquoi je crois qu'il est important de refaire de la politique et de la refaire dans une occurrence comme celle des élections européennes qui permet une expression plus libre. Quant à la thématique, je crois que l'antiprohibitionnisme doit être le premier thème parce qu'en effet, là la guerre est déclarée et, en effet, c'est la guerre contre le crime prohibitionniste. Ce doit être le premier thème. Mais nous en avons d'autres... Le fédéralisme, qu'il nous faut reprendre à notre compte et qui nous permettra, peut-être, de percevoir les dividendes électoraux de ce qui était dans l'organisation du Parti Transnational une prémonition. Mais c'est également l'immigration. C'est d'ailleurs le même sujet à propos de l'immigration.

Il faut inverser les politiques publiques; que la liberté soit la règle et que l'exception ne soit justifiée que par la loi et pas par les nécessités circonstancielles du pouvoir ou du maintien au pouvoir considéré comme un objectif en soi. Troisième thème... je les propose comme suit: Antiprohibition, Europe fédérale, une autre politique de l'immigration. Quatrième thème: établir un lien juridique, politique et financier entre le désarmement et le développement. Voilà un thème qui peut mobiliser tous les radicaux dans tous les pays d'Europe. Et enfin, mener -comme nous le faisons par ailleurs dans un champ associatif - notre combat pour l'abolition universelle de la peine de mort. Voilà un noyau de propositions qui peuvent convenir à toutes les listes d'inspiration radicale libérale dans tous les pays d'Europe et auquel noyau chaque liste, dans chaque pays, peut rajouter une réponse radicale libérale à sa problématique proprement nationale. Voilà ce que nous pourrions faire. Et je vous dis voilà ce que nous

allons faire. Nous allons le faire. Mais là, l'initiative, si elle est exprimée comme cela du point de vue thématique, vous voyez bien que, quant à la réponse organisationnelle, elle ne peut pas être émise par la CORA. Qui peut faire cela? Le Parti. Le Parti Radical Transnational. Et nous voilà une opportunité électorale, un champ thématique et une volonté, au moins pour ce qui concerne les individus et ceux que j'ai consultés, de relancer notre machine. Ce qui permettra à toutes les organisations radicales de profiter de cette relance. La semaine prochaine, beaucoup d'entre nous seront, avec d'autres aussi, à Rome pour le rendez-vous autour de "Pas de Paix sans Justice". Il y aura là Marco bien sûr, il y aura Olivier, il y aura Gianfranco, il y aura grand nombre de nos amis - pour ceux que Marco a appelés de façon un peu abusive les dirigeants du Parti - mais il y aura aussi Danilo, il y aura Emma Bonino, il y aura d'autres dirigeants libéraux, radicaux, européens. Je propose donc, qu'en marge de ce Congrè

s, ceux-là, et tous ceux qui voudront se joindre à cette réflexion, se voient et inventorient les difficultés, ajoutent, additionnent leurs volontés et essaient de proposer rapidement à l'ensemble des radicaux un rendez-vous en Congrès - car le Congrès est le lieu de la vérité politique - là maintenant, l'automne, le début de l'automne. Vous nous aviez donné un an. On a pris trois ans, pour ne pas faire grand chose. Ne pourrait-on pas nous imposer d'essayer de faire quelque chose de vraiment bien en trois mois et d'aller, à la fin septembre, début octobre, au Congrès, à Rome, à Paris, à Bruxelles, à Amsterdam - vous déciderez - au Congrès des radicaux pour dire comment les radicaux libéraux vont affronter avec succès l'échéance européenne? Nous avons mille raisons de le faire. Et moi, quand je considère ce quest la réalité politique de nos pays - on la dit, Belgique, Italie, France, avec d'ailleurs des systèmes de pouvoir très comparables pour la distribution politique traditionnelle - je vois bien quelles s

ont les urgences, je vois bien quelle est l'urgence sociale, je vois bien comment les questions sociales montent. Je vois bien aussi quelles seront les urgences politiques; l'Europe d'un côté et comment faire vivre et s'épanouir malgré tout, au niveau de chaque individu, les libertés. Il y a des urgences sociales, il y a des urgences politiques, c'est vrai. Je vais vous dire quelque chose que l'on ne devrait pas dire parce que cela va vous paraître une motivation frivole. Ma première urgence, elle est ailleurs. Elle est presque d'ordre esthétique. Ce que je vois n'est vraiment pas beau. Et quand la politique est laide à ce point, incapable de donner aux gens l'envie de rire et l'envie de rêver, il faut essayer de faire quelque chose de plus beau. Et c'est pour cela que j'ai bien aimé écouter Marco ce matin. Je n'ai pas été étonné de retrouver ses phrases, ses mots, la justesse de jugement, la profondeur de la culture historique, l'exactitude des références politiques. Avec des gens comme cela, comme Marco Pa

nnella, comme Emma Bonino, j'ai vraiment envie de faire de la politique parce que je suis sûr que ce sera beau.

 
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