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Conferenza droga
Radio Radicale Roberto - 8 gennaio 1999
LA DROGUE, TOUTES LES DROGUES
Editorial - Le Monde 8 jan. 1999 (http://www.lemonde.fr)

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C'en est donc quasiment fini de la distinction entre drogues licites et illicites. La lutte contre les " drogues légales " (alcool, tabac et médicaments) devrait bientôt faire intégralement partie de la politique gouvernementale de lutte contre la toxicomanie. Révélé dans nos colonnes, le rapport d'étape de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), qui constitue le socle du futur plan triennal du gouvernement de Lionel Jospin, atteste d'un spectaculaire changement de cap. Sans méconnaître les obstacles, nombreux, qui ne manqueront pas de se dresser lors de la mise en £uvre d'une telle politique - " Il est certain, pour ce qui concerne les drogues licites, que la présence d'interlocuteurs industriels très actifs rend la tenue de discours publics de prévention particulièrement délicate ", écrit dans un bel euphémisme Nicole Maestracci, la présidente de la Mildt, anticipant l'offensive des puissants lobbies de l'alcool et du tabac -, le gouvernement s'apprête à faire le

pari de la santé publique.

La nouvelle politique qui s'engage est la traduction directe du rapport du professeur Bernard Roques, qui avait, en juin 1998, démoli la classification légale des substances psychotropes et rebâti une échelle de dangerosité sur des bases neurobiologiques : alcool, héroïne et cocaïne d'un côté ; amphétamines, benzodiazépines, tabac et hallucinogènes de l'autre ; puis, " en retrait ", le cannabis. Le Comité national d'éthique s'était lui aussi prononcé en ce sens, quatre ans plus tôt.

Dans le cadre des conventions internationales de 1961 et de 1971, qui fixent le statut légal des drogues, notre pays inaugure donc une nouvelle approche des dépendances, centrée non plus sur les produits toxiques mais sur les comportements humains. Bien menée, une telle politique pourrait avoir des conséquences considérables, à la mesure des enjeux : chaque année, 60 000 personnes meurent des suites du tabagisme ; plus de 2 millions vivent en France sous la dépendance de l'alcool ; les médicaments sont utilisés dans neuf tentatives de suicide sur dix. Dorénavant, l'objectif n'est plus l'abstinence à tout prix mais d'éviter le passage de l'usage occasionnel à l'abus et à la dépendance. Mettant sur le même plan les consommateurs occasionnels de cannabis ou les buveurs modérés de vin, cette nouvelle hiérarchie des conduites pourrait mener à la dépénalisation progressive de l'usage simple de drogues illicites. Mme Maestracci, qui a officieusement été priée par Matignon de ne pas toucher à la loi du 31 décembre 1

970 sur les stupéfiants, propose de redéfinir entièrement les priorités de la politique pénale pour la recentrer sur la répression du trafic, et en particulier du trafic local. Elle recommande clairement d'" éviter les incarcérations pour simple usage " de drogue et rappelle que deux circulaires du garde des sceaux, en 1978 et en 1984, encourageaient les parquets dans cette voie.

Pour la première fois depuis sa création en 1982, la Mildt propose ainsi une vision globale et cohérente de la politique de lutte contre les drogues. L'événement mérite d'être salué.

 
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