UE Pêche Canada/La Grande Bretagne empêche l'adoption d'une déclaration unanime de l'UE condamnant les incidents au large de Terre Neuve
LUXEMBOURG La Grande Bretagne a empêché jeudi à Luxembourg l'adoption d'une condamnation unanime par les ministres de la pêche de l'Union européenne de l'abordage d'un chalutier espagnol, dans la nuit de mercredi à jeudi par un patrouilleur canadien, au large de Terre Neuve.
Le ministre français de l'agriculture et de la pêche Jean Puech n'a pu publier qu'une "déclaration de la présidence", à laquelle ont souscrit "une très large majorité des délégations", selon le texte officiel. La France préside actuellement l'Union européenne.
Le ministre britannique des Pêches Michael Jack a jugé qu'une telle condamnation pourrait avoir des effets négatifs sur les difficiles négociations que mènent actuellement les Canadiens et les Européens à propos de la pêche au turbot (ou flétan noir).
"Le Royaume Uni travaille dur pour que les négiociations se poursuivent et il espère qu'elles seront couronnées de succès", a déclaré M. Jack devant la presse. M. Jack a indiqué qu'il s'était opposé à la fois à cette déclaration et à la fixation d'un quota autonome de pêche de 18.630 tonnes de flétan noir pour l'UE au sein de l'Organisation des pêches de l'atlantique Nord Ouest (OPANO).
Cette deuxième décision a cependant pu être prise par les Quinze, puisqu'elle ne nécessitait qu'une majorité qualifiée des Etats membres.
La déclaration de la présidence, qui traduit donc l'opinion de quatorze des quinze Etats membres, "condamne les dernières actions unilatérales à l'encontre de navires battant pavillon d'un Etat membre en violation des règles et des usages du droit international".
Dans la nuit de mercredi à jeudi, un patrouilleur canadien avait coupé avec l'hélice de son moteur les filets d'un chalutier espagnol, le José Antonio Nores, qu'il essayait d'aborder, selon des sources européennes. Ce bateau pêchait le flétan noir dans les eaux internationales au large de Terre Neuve.
Dans ce texte, la présidence française de l'UE "déplore particulièrement qu'un accident grave, suite à ces actions, soit survenu alors que des discussions étaient en cours afin de dégager les éléments d'une solution négociée du litige".
La déclaration invite néanmoins "la Commission européenne à poursuivre les discussions avec la partie canadienne afin de parvenir à un accord", et exige à nouveau le retrait des lois canadiennes permettant l'arraisonnement de bateaux de l'UE au delà de la limite des 200 milles des eaux territoriales.