Pêche: dialogue de sourds entre l'UE et le Canada
LUXEMBOURG, 10 avr (AFP) Les discussions entre l'Union européenne et le Canada sur le conflit de pêche au turbot (ou flétan noir) dans l'Atlantique Nord semblent complètement bloquées à cause de l'appréciation divergente des deux parties sur un projet d'accord.
Les ministres des affaires étrangères de l'Union, réunis lundi à Luxembourg, ont estimé que l'Union européenne et le Canada devaient trouver le plus rapidement possible une solution mais rappellent que plusieurs points dont le problème vital de la répartition des quotas nécessitent encore des améliorations.
De son coté, le Canada a affirmé lundi soir que l'Union européenne avait rejeté un projet de règlement du différend sur la pêche et s'est déclaré "déçu de cet échec".
"On ne peut pas parler d'échec", a répliqué lundi soir un porte parole de la Commission européenne. "Cela montre que le Canada ne connait pas très bien les mécanismes de décision de l'Union".
En fait, expliquent les experts, le Canada souhaite accorder seulement un quota de 10.000 tonnes aux pêcheurs communautaires, dont 8.000 pour les pêcheurs espagnols et 2.000 pour les pêcheurs portugais. Ottawa entend également se réserver un quota de pêche de 10.000 tonnes dans la zone, les 7.500 tonnes restant du quota global de 27.500 alloué en 1995 par l'Organisation de pêche de l'Atlantique Nord (OPANO) allant aux autres pays (Russie, Norvège notamment).
Dès le milieu de la semaine dernière, l'Espagne avait qualifié cette proposition d'inacceptable et réclamé pour les pêcheurs communautaires la moitié du contingent global, c'est à dire 13.750 tonnes. "Cela rend un accord très difficile, puisque le Canada veut se voir attribuer le même quota que l'Union, ce qui ne laisse rien aux autres pays membres de l'OPANO", souligne un diplomate européen.
L'Espagne n'est pas pressée de trouver un accord à n'importe quel prix avec le Canada, puisque jeudi dernier l'Union européenne a fixé unilatéralement un quota de 18.630 tonnes de turbot pour les pêcheurs communautaires. "Cela permet aux pêcheurs espagnols de continuer à pêcher au large de Terre Neuve en attendant un compromis avec le Canada", estime un haut fonctionnaire européen.
Mais la Commission européenne est inquiète d'une nouvelle escalade en haute mer qui pourrait être provoquée par un nouvel arraisonnement de chalutiers espagnols par des garde côtes canadiens.
Le Conseil des ministres de l'UE a demandé à la Commission européenne et aux pays concernés par le conflit, c'est à dire l'Espagne et le Portugal, de se rencontrer rapidement pour discuter de ce sujet. Mais il n'est pas question pour l'UE de faire pression sur l'Espagne pour l'obliger à accepter la proposition canadienne, précise t on de source communautaire.