Espagne Canada pêche/Madrid met en garde sur les risques d'une "profonde crise" de l'UE

MADRID, 11 avr (AFP) Le ministre espagnol des Affaires Etrangères, Javier Solana, a averti mardi à Madrid qu'un manque de solidarité au sein de l'Union Européenne concernant le contentieux sur la pêche du turbot avec le Canada pourrait provoquer une "profonde crise" de l'UE.

S'exprimant devant des journalistes, M. Solana faisait notamment allusion à la Grande Bretagne qui a refusé de s'associer à une déclaration de l'UE condamnant les actes des patrouilleurs canadiens au large de Terre Neuve. Lundi, le chef du gouvernement espagnol, Felipe Gonzalez avait déploré l'attitude de Londres, estimant que ce n'était pas la première fois que le Royaume Uni "manquait à la solidarité avec les autres pays" de l'UE.

Le ministre espagnol a assuré qu'il n'y avait pas de pressions de pays de l'UE sur l'Espagne pour qu'elle soit plus flexible dans ses exigences sur les quotas de turbot.

(Le ministre irlandais des Affaires étrangères Dick Spring a estimé mardi que l'Espagne va devoir "se montrer raisonnable" et "probablement diminuer ses exigences" dans les négociations sur le conflit du turbot.).

Selon M. Solana, Madrid ne cédera pas "d'un pouce" dans ses revendications concernant le respect du droit international par Ottawa et le remboursement des cautions imposées à des armateurs espagnols, a t il ajouté.

Concernant l'avertissement lancé par Ottawa, le chef de la diplomatie espagnole s'est borné à souligner que le ministre canadien des Pêches, Brian Tobin, était parfois "imprudent". Lundi, M. Tobin a menacé les bateaux de l'UE de nouveaux arraisonnements si les Européens n'acceptaient pas un compromis sur le turbot (ou flétan noir) dans les 48 heures.

D'autre part, les armateurs de la flotte espagnole opérant dans les eaux internationales des Grands Bancs de Terre Neuve ont demandé à l'Union Européenne de rester ferme dans les négociations avec le Canada.

Ils ont rejeté toute diminution de la proposition faite par l'UE au Canada et réservant 13.750 tonnes de turbot pour les pêcheurs communautaires, principalement espagnols. Céder sur ce point "constituerait une offense pour l'Espagne", ont ils ajouté dans un communiqué publié mardi à Vigo (nord ouest).

Les armateurs espagnols demandent également à l'UE d'obliger le Canada à payer les dommages provoqués par l'arraisonnement le 9 mars du chalutier espagnol "Estai" et la rupture des filets de plusieurs autres bateaux congélateurs.

M. Gonzalez avait reconnu lundi qu'un éventuel accord avec le Canada sur la pêche au turbot obligerait de toute façon l'Espagne à réduire considérablement sa flotte dans ce secteur. Les prises de turbot de la flotte espagnole avaient atteint 40.000 tonnes en 94.