OTTAWA, 19 avr (AFP) Deux navires canadiens de surveillance des pêches se dirigeaient mercredi vers une zone située à l'est des Grands Bancs de Terre Neuve pour contrôler deux chalutiers soupçonnés de pêcher illégalement le turbot et battant pavillon du Belize.
Ce nouveau regain de tension dans les eaux internationales au large des côtes canadiennes intervient alors que l'on croyait définitivement réglée par les diplomates la "guerre du turbot", qui a opposé Ottawa à l'Union européenne et en particulier à l'Espagne pendant presque deux mois.
Un épais brouillard a empêché mardi une reconnaissance aérienne des deux chalutiers suspects et le gouvernement canadien a décidé de dépêcher deux navires de patrouille pour les inspecter.
Les deux bâtiments canadiens ont quitté le port de Saint Jean mardi soir et faisaient route vers le "Bonnet flamand", un haut fond riche en poissons, dans l'est des Grands Bancs de Terre Neuve et au delà de la limite des 200 milles nautiques canadiens.
Ils devraient arriver sur zone mercredi soir (heure d'Ottawa).
L'un des deux chalutiers battant pavillon du Belize aurait un équipage espagnol, l'autre portugais, selon le ministère canadien
des Pêches. Le premier d'entre eux aurait été repéré pour la
première fois le 10 avril.
Ces deux bateaux auraient décidé d'arborer le pavillon du Belize pour tenter de contourner l'accord entre le Canada et l'UE sur les quotas de pêche au turbot (également appelé flétan du Groënland ou flétan noir).
Le Belize, un petit pays d'Amérique centrale, n'appartient pas à l'Organisation des pêches de l'Atlantique du nord ouest (OPANO): ses bateaux ne sont donc pas tenus de respecter un accord signé par les quinze membres de l'OPANO (Union européenne, Canada, Bulgarie, Cuba, Danemark, Islande, Japon, Corée du sud, Norvège, Pologne, Roumanie, Russie, Estonie, Lettonie et Lituanie.
Cet accord, conclu le week end dernier, prévoit que les Canadiens et les Européens pêchent chacun 10.000 tonnes de turbot cette année, sur un total de 27.000 tonnes. L'Espagne s'est vue allouer la part la plus importante du quota de l'UE, soit 8.000 tonnes.
Le Canada a informé le gouvernement du Belize de la situation mais n'a semble t il reçu aucune réponse. "Nous avons pris soin de les prévenir mais nous n'allons pas attendre (pour agir), a déclaré une porte parole du ministère canadien des Pêches, Bonnie Mewdell. Nous allons voir ce que ces bateaux pêchent".
La Chambre des Communes d'Ottawa a voté l'an dernier une loi autorisant le Canada à intervenir contre des chalutiers battant pavillon de complaisance et pêchant illégalement au large des eaux canadiennes.