CETTE FEMME EST UN COMMISSAIRE EUROPEEN
elle est là pour un troisième round
par M.Bachir ZNAGUI
Les négociations d'un accord de pêche entre le Maroc et l'Union européenne vont entamer lundi leur troisième round. Mme Emma Bonino, de nationalité italienne va inaugurer à Rabat ce nouvel épisode. Il s'agit du commissaire à la peche au sein de l'equipe de M. Jacques Santer, le noveau président luxembourgeois de la commission qui a succédé au français Jacques Delors depuis le 24 janvier dernier.
Le commissaire Bonino va arriver dimanche à Casablanca dans la soirée. Elle aura des entretiens avec M. Mostafa Sahel le ministre des Pêches maritimes lundi matin et recevra également dans l'après-midi du même jour les professionnels de la pêche marocaine.
Mme Bonino aura naturellement l'occasion de rencontrer les négociateurs marocains et repartira à Bruxelles le 25 avril.
Cette courte visite de travail était annoncée depuis presque un mois, mais elle a été d'abord liée par les sources de la Commission de Bruxelles à une évolution des négociations entre les deux parties. Pourtant, selon nos informations, aucun progrès n'a été enregistré dans ces pourparlers. La rencontre de Bruxelles s'était limitée à un exposé des Marocains dans lequel les conditions du renouvellement d'un accord de pêche ont été explicitées. Ces conditions, conformes à la nouvelle législation internationale sur le droit des mers, devraient imposer aux Européens -principalement aux Espagnols- des restrictions draconiennes à leurs activités de pêche dans les zones économiques exclusives marocaines. Une deuxième session de ces négociations s'est déroulée à Rabat ensuite mais au cours de laquelle les Européens n'ont apparemment pas réagi à la position marocaine. Le mandat en possession de la commission européenne est en réalité très limité-, il reste otage de la logique des accords' habituels de l'Union europ
éenne avec les pays tiers en la matière et surtout du cadre de l'ac cord signé avec le Maroc en 1992. L'attitude marocaine se trouve par contr en rupture totale avec cette logique. Vu le graves problèmes du secteur national et le limites des ressources halieutiques, la parti marocaine semble très peu motivée pou rééditer l'expérience passée. Le blocage es donc là et on voit mal comment Mme Bonin pourrait y remédier. D'ailleurs, cette dame qu ne peut faire étalage de ses affinités person nelles dans le cadre d'une mission officielle n'est pas tout à fait le bon avocat des convoi tises européennes en matière de pêche. Ell serait même un peu hostile aux appétit excessifs des flottes européennes. Un avant goût de cela est déjà perceptible dans l'acco de l'U.E avec le Canada. Certes, elle n'en était que la mandataire dans le jeu complexe des équilibres communautaires européens, mais les Espagnols crient depuis à la trahison. Que va-t-il donc se produire lundi à Rabat? Probablement rien, sinon que le commissaire
européen aura l'occasion de prendre connaissance sur place de la solidité des arguments marocains relatifs à ce dossier. La pêche chez-nous a des répercussions sociales bien plus graves que celles de l'Espagne. Et à défaut d'une logique réelle de partenariat du côté européen, le Maroc a tout intérêt à défendre une logique de droit.