par Jean-Louis DOUBLET
BRUXELLES, 25 Mai (AFP) - L'UE s'interroge sur le développement de ses relations avec Cuba et sur l'éventualité d'entamer avec le régime de Fidel Castro des pourparlers en vue d'un accord de coopération économique si les autorités cubaines poursuivent et élargissent leur programme de réformes.
Pour l'instant, la Commission européenne accorde une aide humanitaire à Cuba par l'intermédiaire de l'office pour l'aide humanitaire (Echo) dont les fonds, prélévé sur le budget communautaire, sont gérés directement -par la Commission sans que les Etats membres aient à donner leur autorisation.
La Commission a ainsi accordé à Cuba 20 millions d'écus (1 écu=l,3 dollars) depuis 1993 et le commissaire à l'action humanitaire, Bonino, a annoncé lors d'une récente visite à Cuba que cette aide serait prolongée en 1995.
Mme Bonino a affirmé que les réformes engagées par le régime cubain devaient être poursuivies et approfondies tant sur le plan politique qu'économique si La Havane voulait voir ses relations avec l'UE évoluer de la seule aide humanitaire vers une coopération plus économique et structurelle.
Si ces conditions sont satisfaites, le commissaire européen chargé des relations avec l'Amérique latine, Manuel Marin, pourrait présenter aux Etate membres une proposition d'accord de coopération avec Cuba.
"Pour l'instant, tant que les réformes ne sont pas plus importantes, M. Marin n'a pas l'intention de prendre une telle initiative", a précisé son porte-parole.
L'Espagne, qui exercera la présidence semestrielle de l'UE à partir du 1er juin et qui est des Etats membres de l'UE l'un de ceux qui a les relations les plus étroites avec La Havane, pourrait éventuellement demander à la Commission de présenter une telle proposition d'ici la fin 1995, estime-t-on de source diplomatique.
Une telle initiative des Quinze "serait une véritable pierre "ne le jardin des Etats-Unis", qui observent depuis 33 ans un embargo commercial et économique contre le régime socialiste de Fidel Castro, ajaute-t-on de même source.
"Cuba est très demandeur d'un accord de coopération mais il faut lever avant tout les obstacles politiques", ajoute ce diplomate en estimant qu'une réforme des articles du code penal cubain permettant l'emprisonnement des opposants politiques pour les seuls motifs de "dangerosité" ou de "propagande. ennemie" serait un pas dans la bonne direction.
Mme Bonino a également îndiqué à l'AFP que la récente décision prise par M. Castro de libérer six opposants politiquer. "peut-être considérée comme un premier signal, même s'il en faut d'autres" de la volonté des autorités cubaines de donner suite au souhait exprimé lors de ses entretiens à Cuba avec M. Castro de voir le régime cubain se libéraliser.
Pour l'instant, outre l'aide bilatérale accordée par certains Etats membres de l'UE, l'aide humanitaire d'Écho tient lieu de "ballon d'oxyg ène" au régime cubain particulièrement touché par la disparition du blo c soviétique, qui assurait l'essentiel de ses échanges commerciaux, et l'embargo américain.
Les fonds d'Echo sont destinés aux situations d'urgence et ne peuvent être reconduits indéfiniment, d'où l'appel lance par Mme Bonino à des réformes politique et économiques qui permettraient. de lancer le processus de coopération économique entre les Quinze et Cuba.
"Fidel Castro à une opportunité qui ne se présente pas chaque jour et il n'a pas beaucoup de temps pour la saisir", a estimé Mme Bonino.