RABAT, 31 mai (AFP) - Le 5è round des négociations entre le Maroc et l'UE pour le renouvellement de l'accord de pêche qui a expiré le 30 avril commence jeudi à Rabat alors que les positions des deux parties demeurent éloignées et que le climat reste tendu du fait de pressions espagnoles.
Entamées fin mars, les négociations, a-t-on appris de bonne source, ont failli être reportées à cause du "mauvais" climat des relations entre Madrid et Rabat.
Cependant, les critiques du commissaire européen à la pêche, Emma Bonino, qui a qualifié d'"inacceptables" les barrages dressés et les destructions commises par les armateurs et les pêcheurs andalous contre les produits marocains, a convaincu le Maroc que l'UE était attachée à la conclusion d'un nouvel accord.
Le Maroc demande une réduction de 30 à 65% (selon les espèces de poissons) du volume des prises des navires de l'UE dans les eaux territoriales marocaines. Ces exigences sont contestées par les Espagnols dont les navires constituent l'essentiel des 750 bateaux de la flotte européenne opérant dans les eaux marocaines.
Le Maroc a protesté contre "la campagne d'obstruction" qui pourrait avoir de "graves conséquences sur les relations maroco-européennes".
Le premier ministre marocain, Abdellatif Filali, a fait part récemment de "la déception" du Maroc face à l'attitude des autorités européennes "dont les déclarations de dénonciations n'ont pas été traduites dans les faits".
Les professionnels de la pêche et de l'exportation ainsi que la presse marocaine, ont appelé le gouvernement à faire preuve de fermeté et à renforcer les lignes maritimes avec la France pour échapper à toute pression des pêcheurs andalous.
Pour contourner l'Espagne, le Maroc a ainsi récemment fait installer deux nouvelles lignes maritimes entre, d'une part, Casablanca et Tanger et, d'autre part, Sète (France) avec respectivement 6 et 5 départs par semaine.
Estimant les demandes du Maroc difficiles à satisfaire, la commission européenne, selon un de ses reponsables, s'orientait davantage vers la négociation d'un accord de partenariat où "l'exploitation des ressources halieutiques dans les eaux marocaines sera confiée à des sociétés mixtes".
Quant aux professionnels marocains du secteur, ils insistent sur la nécessité de mettre en oeuvre un partenariat "sur terre" qui touche toutes les activités liées au secteur.
Le ministre espagnol de l'Agriculture et de la Pêche, Luis Atienza, a souligné lundi lors d'un entretien avec Mme Bonino à Bruxelles que Madrid continue à s'opposer aux "positions maximalistes du Maroc" notamment sur la réduction du volume des captures et le débarquement du poisson dans les ports marocains. Il s'est opposé à la fixation d'une "date butoir" pour la conclusion d'un nouvel accord de pêche.
M. Atienza ne pense pas qu'un tel accord puisse être signé lors de la réunion de jeudi et probablement pas avant la présidence espagnole de l'UE qui commence en juillet.