par Ignace DALLE RABAT, 18 juin (AFP) - Le Commissaire européen à la pêche, Mme Emma Bonino, et ses hôtes marocains ne sont pas parvenus, après deux jours de réunion vendredi et samedi à Rabat, à fixer une date pour la reprise des négociations sur un nouvel accord de pêche, ce qui risque de retarder considérablement le règlement de ce dossier et de compliquer l'ensemble des rapports du Maroc avec l'Union européenne (UE).
De passage à Rabat à la fin du mois d'avril dernier, à la veille de l'expiration de l'accord précédent, Mme Bonino avait estimé qu'il était possible de parvenir à un nouvel accord "d'ici trois à cinq semaines".
Très vite cependant, les positions du Maroc et de l'UE, notamment celle de l'Espagne, étaient apparues "très éloignées".
Les Marocains entendent en effet préserver leur patrimoine halieutique et obtenir un partenariat à terre, portant sur le déchargement des prises des bateaux européens dans les ports marocains. Ils réclament une réduction du volume des prises de 30 à 65% selon les espèces sur trois ans, exigences jugées "inacceptables" par les Européens.
Cinq rounds de conversations à Rabat et Bruxelles et la visite, ce week-end, de Mme Bonino, ont conduit les négociations dans l'impasse puisque non seulement, comme l'a reconnu samedi Emma Bonino, les positions des deux parties "demeurent beaucoup trop éloignées" mais surtout parce que, pour la première fois, "les conditions pour fixer une date de reprise des discussions ne sont pas réunies".
Samedi soir, après avoir attendu pendant plusieurs heures un "signe" de la part des Marocains, Mme Bonino, tout en refusant de parler de "rupture", a dû constater l'échec de sa mission.
Elle n'a d'ailleurs pas caché son mécontentement en déclarant lors d'une rencontre avec la presse: "A chacun d'exercer ses responsabilités et d'assumer ses devoirs, en ce qui me concerne je pense l'avoir fait!".
L'amertume de Mme Bonino est d'autant plus grande qu'elle a le sentiment d'avoir pris très clairement position contre "le recours aux actes violents et illégaux" des pêcheurs et armateurs andalous.
En outre, selon des sources proches de la délégation européenne, Mme Bonino était venue avec de nouvelles propositions susceptibles de "débloquer la situation".
Samedi soir, chez certains délégués européens, on se demandait "ce que voulait exactement le Maroc". On exprimait en outre la crainte que la fin de non-recevoir opposée par Rabat aux demandes et suggestions du Commissaire à la pêche n'ait des répercussions défavorables sur l'ensemble des relations entre le Maroc et l'UE et en particulier sur les discussions importantes relatives à l'accord d'association.
Enfin, même si Mme Bonino a une nouvelle fois condamné par avance les excès ou les agissements illégaux que pourraient commettre les pêcheurs andalous, les Européens craignent que les relations entre Madrid et Rabat ne se dégradent un peu plus.