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Conferenza Emma Bonino
Partito Radicale Maurizio - 5 luglio 1995
Discours de Mme Bonino, Membre de la Commission EuropéenneECOSOC-Segment à haut niveau

Genève, 5 juillet 1995

La Communauté Européenne a toujours considéré son aide vis-à-vis du Sud comme un élément essentiel de son action extérieure. Ceci est manifesté par le fait que la coopération au développement de la Communauté représente actuellement 15 % de l'aide cumulée de ses Etats membres, et surtout par le fait que la Communauté et les Etats membres dépensent ensemble près de 50 % de l'aide publique au développement au niveau mondial.

Cette présence affirmée de l'Union dans ses rapports avec les pays du Sud tiennent à plusieurs raisons:

1. Tout d'abord, l'interdépendance de plus en plus grande des phénomènes politiques, économiques et sociaux sur l'ensemble de la planète;

2. ensuite, la problématique liée aux questions de la sécurité politique;

3. enfin et surtout la solidarité: cette valeur étant au coeur de la construction européenne, il aurait été inconcevable qu'elle ne puisse s'exercer qu'à l'intérieur de la Communauté et ne rester qu'un simple mot au-delà de ses frontières.

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En ce qui concerne plus précisément nos relations avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, dans le cadre des Conventions de Lomé, celles-ci constituent au niveau international un système institutionnel unique, puisqu'elles regroupent maintenant, comme partenaires, la Communauté en tant que telle, ses quinze Etats membres et les 70 pays ACP. L'Afrique du Sud frappe à la porte.

L'Afrique au sud du Sahara est la grande bénéficiaire, en termes financiers, de l'aide aux pays ACP, puisqu'elle en reçoit plus des quatre cinquièmes.

La quatrième Convention de Lomé regroupe toute une série d'instruments, allant des échanges commerciaux, et du soutien contre la chute des recettes d'exportations, à l'ensemble des actions de la coopération financière et technique, à l'appui à l'ajustement structurel et aux processus de démocratisation.

Le montant financier de Lomé IV pour la période 1990-1995 a été de 12 milliards d'écus pour 5 ans: constitués presque exclusivement de dons. La négociation pour le renouvellement du Protocole Financier pour 1995-2000 aura certainement un aboutissement financièrement acceptable pour l'ensemble des parties.

A cet égard je souhaite souligner que l'accroissement des montants de l'aide a une signification politique propre, et est d'ailleurs ressenti comme tel par nos partenaires. L'aide continue de constituer, avec l'accès aux marchés et l'investissement privé, un élément essentiel pour consolider, dans cette période incertaine, nos relations avec les pays ACP, et en particulier avec l'Afrique, ce continent en crise et en pleine mutation.

C'est précisément l'intérêt de Lomé, tel que la renégociation du Protocole Financier Lomé IV, de combiner l'aide au développement avec les aspects commerciaux. De ce point de vue les résultats de la négociation montrent que la Communauté a encore fait des efforts pour améliorer l'accès au marché communautaire des produits ACP. Ils placent l'accent sur l'appui au secteur privé et sur l'accroissement de la compétitivité des produits ACP sur le marché mondial. Ces concessions commerciales, c'est un fait, se placent malheureusement dans un contexte peu favorable aux ACP les plus pauvres, celui d'une baisse des marges préférentielles qui leur sont octroyées. Aux problèmes du montant de l'aide et de l'accès au marché, est aussi liée celui de la dette. Il est clair en effet que des efforts supplémentaires devraient être faits par l'Union en vue de diminuer la dette des pays africains les plus pauvres et les plus lourdement endettés. Le montant de la dette et de son service peut en effet, dans des pays dé

jà lourdement désavantagés dans le commerce mondial, comme le sont la grande majorité des pays d'Afrique, rendre illusoire, ou en tous cas freiner, la reprise de l'investissement, en limitant les fonds disponibles pour leur développement interne.

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La Communauté, si elle veut préserver l'acquis politique que constitue le "système LOME", devra, d'autre part, en améliorer le fonctionnement dans l'avenir, ceci en vue, en coordination avec les Etats membres, d'améliorer l'efficacité globale de l'aide. Cet effort de coordination répondra aux critiques des opinions publiques aussi bien qu'à la baisse de motivation de certains bailleurs de fonds.

Cette amélioration de l'efficacité de l'aide est une condition essentielle pour revitaliser la coopération au développement de l'Union en particulier vis-à-vis de l'Afrique. Elle devra se faire sur la base de la complémentarité entre la coopération au développement de la Communauté et celles des Etats membres. Il n'y a pas d'autre voie possible pour un renforcement de l'efficacité de l'aide, et aussi du profil de la coopération au développement de l'Union comme expression essentielle de sa politique extérieure.

En parallèle avec ces efforts de coordination, la Communauté devra veiller à la cohérence de l'ensemble de ses politiques, et de ses effets négatifs éventuels sur les pays de l'Afrique au sud du Sahara.

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Cet effort pour améliorer l'efficacité de l'aide de l'Union va, en fait, de pair avec l'affirmation renouvelée de son caractère politique. Affirmer la dimension politique de l'aide de la Communauté aux pays en développement et en particulier à l'Afrique, c'est à la fois réaffirmer le profil extérieur de l'Union dans le cadre de sa politique extérieure, et définir plus justement le contenu de notre action vis-à-vis de ces pays.

La révision du Protocole Financier de la 4è Convention de LOME va d'ailleurs dans ce sens. L'objectif de l'Union doit être, dans ce cadre renouvelé, de contribuer à la stabilité politique et sociale de l'Afrique dans son entier. L'occasion semble propice avec les rapports nouveau qui vont se créer entre l'Union et l'Afrique du Sud. L'engagement de la Communauté et des Etats membres dans la prévention des conflits, dans l'aide humanitaire et l'aide à la réhabilitation, de concert avec les institutions internationales concernées, va aussi dans ce sens; de même que l'insertion du dialogue politique avec les pays ACP (appréciation du processus de démocratisation, situation des droits de l'homme, lien entre les évolutions politiques et la situation économique de ces pays).

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Le volume de l'assistance communautaire traditionnelle à l'Afrique a été inclus dans le domaine de l'aide au développement. Cependant, ces dernières années l'Afrique a du faire face à crises sans précédents. Des fonds supplémentaires ont du être trouvés pour pouvoir aider les populations concernées à survivre et à surmonter ces situations malheureuses, souvent causées par des guerres civiles ou autres hostilités. L'aide humanitaire est un domaine sensible pour moi en tant que Commissaire responsable de l'Office Humanitaire de la Communauté Européenne (ECHO). Le montant de l'assistance humanitaire distribuée par la Commission à travers ECHO s'élève pour 1994 à 765 MECUS, soit un peu moins de mille milliards de dollars américains. De ce montant, presque 40 %, soit un peu moins de 400 millions de US $, ont servi à l'assistance aux victimes de la crise au Sub-Sahara.

La raison pour laquelle la Commission a accordé une si grande importance à l'aide humanitaire à l'Afrique est claire. Les crises humanitaires (qu'elles éclatent au Rwanda, Burundi, Liberia, Mozambique, Angola ou ailleurs) ont affectés des populations qui étaient, économiquement et socialement, déjà très vulnérables. Dans ces cas-là, la première priorité est toujours la survie des victimes mais dès que la situation est stabilisée, nous devons penser au retour à la vie normale et éventuellement à un développement à long terme. ECHO collabore étroitement avec d'autres services de la Commission afin que l'aide d'urgence soit suivie, à chaque fois que cela est possible, de la réhabilitation et des actions de développement. Des efforts spéciaux ont été faits en ce qui concerne les personnes déplacées qui sont particulièrement vulnérables.

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En conclusion je souhaite réaffirmer la nécessité de renforcer encore nos relations avec l'ensemble des pays du Sud. En dépit des difficultés actuelles que rencontre, en différents lieux, la politique étrangère de l'Union, et aussi sa politique de coopération, l'Union évolue: elle prend des initiatives et renforce ses relations avec des pays de la Méditerranée et de l'Afrique. Une attitude encore plus cohérente et plus coordonnée de l'ensemble Communauté européenne-Etats membres ne pourra se développer qu'avec le temps. La Commission continuera d'y apporter sa part d'efforts et de conviction politique.

 
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