NEW YORK (ONU), 4 août (AFP) - Le commissaire européen à la Pêche, Mme Emma Bonino, s'est félicité de l'adoption vendredi par l'ONU de l'accord sur la gestion et la conservation des stocks de poissons, mais elle a mis en garde contre les risques d'un abus du recours force pour faire respecter cette convention. "Je pense que l'objectif de la conférence (de New York) a été atteint pour certains points, mais nous restons très préoccupés par la possibilité de l'usage de la force, en raison de la formulation très vague" du texte, a déclaré en conférence de presse Mme Bonino.
L'"accord sur la conservation et la gestion des stocks de poissons chevauchants et grands migrateurs", adopté par consensus à New York, est destiné à éviter une surexploitation de certaines espèces de poissons et à éviter de nouvelles crises entre les Etats pêcheurs.
Il fixe des principes de gestion et de conservation des stocks dans la zone économique des Etats côtiers, mais également en haute mer.
Le texte concerne des espèces telles que la morue, le thon, l'espadon, ou le turbot. La convention prévoit en particulier un mécanisme visant à faire respecter ces principes, qui autorise les Etats côtiers de la région à inspecter des bateaux en haute mer pour vérifier s'ils se conforment aux règles établies.
"La plupart de nos intérêts ont été pris en compte par le texte approuvé, a déclaré Mme Bonino. "Etant donné l'état de certains stocks, il n'y a pas d'alternative à l'adoption de fortes mesures de conservation", a-t-elle expliqué.
Cependant, a poursuivi la représentante européenne, "je suis convaincue que même la plus parfaite bonne foi dans l'application de ce principe ne devrait pas nous éloigner des principes de base du droit international".
Selon Mme Bonino, "rendre légitime l'usage de la force à travers le texte d'une convention, même lorsque cela est limité aux mécanismes des organisations régionales, peut conduire à des abus et à des harcèlements inappropriés en haute mer".
"L'utilisation de la force ne doit être décidée qùen dernier recours", a-t-elle ajouté, précisant que, malgré ces réserves, c'était dans un esprit "de compromis" que les négociateurs de l'Union Européenne avaient adhéré au consensus à propos du document.
La convention sera formellement adoptée en novembre ou décembre prochain, lors de la 50ème session de l'Assemblée générale de l'ONU. Le document de plus de trente pages sera ensuite ouvert à la signature par les pays intéressés, avant son entrée en vigueur une fois que 30 Etats l'auront ratifié.