RABAT, 16 août (AFP) - Le secrétaire général de la Fédération nationale des ports, proche de l'Istiqlal (opposition nationaliste), Haj Sghir, a déclaré que de nouvelles concessions marocaines à l'Union européenne (UE) en matière de pêche constitueraient "un suicide". Dans un entretien publié mercredi par L'Opinion, organe du parti de l'Istiqlal, M.Sghir a affirmé qùil soutenait la position de son pays dans les négociations maroco-européennes entamées le 11 août à Bruxelles en vue de la conclusion d'un nouvel accord de pêche.
Mais, a-t-il souligné, "si le Maroc revient sur sa position et accorde de nouvelles concessions aux Européens, ce sera un suicide, vu la situation actuelle du secteur".
Le précédent accord de pêche entre l'UE et le Maroc, expiré fin avril, accordait aux pêcheurs de l'UE un volume de prise annuel de 82.000 tonnes, dont 30.000 tonnes de céphalopodes et 17.500 tonnes de crustacés. Dans les négociations, les autorités marocaines ont demandé que dans le cadre du nouvel accord, couvrant la période 1995-98, ces quantités soient réduites de 65% sur trois ans pour les céphalopodes et de moitié pour les crevettes.
Elles réclament également le débarquement des captures dans les ports marocains, exigences considérées jusqùici comme inacceptables par l'UE.
M.Sghir a également critiqué le nombre limité de marins locaux recrutés par des bateaux européens opérant dans les eaux marocaines. "L'UE s'entête à embarquer des marins sans aucune qualification alors que les lauréats des écoles maritimes restent au chômage, a-t-il affirmé, en précisant que "certains armateurs marocains préfèrent embarquer des marins coréens".
La presse d'opposition a exprimé ces derniers jours ses craintes au sujet des résultats des négociations entre le Maroc et l'UE à Bruxelles qui "passent presque inaperçues" selon Al Bayane, organe du Parti du progrès et du socialisme (PPS-socialiste).
Dans son édition de mardi, L'Opinion affirmait que l'existence d'un accord officieux entre le ministre marocain de la pêche Mostafa Sahel et la Commissaire européenne chargée de la pêche, Emma Bonino, était de plus en plus probable. Cet accord "serait bien en deçà de la position officielle marocaine et porterait atteinte aux intérêts vitaux de la nation en mettant en faillite le secteur des pêches", concluait L'Opinion.