Impasse totale dans les négociations sur la pêche BRUXELLES, 19 août (AFP) - Les négociations sur la pêche en cours depuis dix jours à Bruxelles entre le Maroc et l'Union européenne sont dans l'impasse et la possibilité de conclure un accord pour le 1er septembre paraît désormais écartée, a indiqué samedi la Commission européenne.
"Des divergences profondes subsistent sur plusieurs points", a annoncé au cours d'un point de presse le commissaire européen chargé de la pêche Emma Bonino.
"Nous sommes encore très, très loin de pouvoir nous entendre sur certaines pêches sensibles", a précisé Mme Bonino. Un accord pour le 1er septembre "est théoriquement possible, mais pratiquement peu probable", a-t-elle reconnu.
"Pour le moment, il n'y a pas rupture", a-t-elle toutefois affirmé, précisant que les discussions vont se poursuivre au cours des prochains jours à Bruxelles.
Les négociations visent à la conclusion d'un nouvel accord de pêche pour une période de 3 ans, le précédent, conclu en 1992, étant arrivé à terme fin avril.
Il autorisait les chalutiers de l'Union européenne, essentiellement espagnols et portugais, à pêcher 82.000 tonnes de poissons, crustacés et céphalopodes dans les eaux marocaines avec, comme contrepartie, une compensation financière.
Préoccupées par les risques d'épuisement de leurs ressources halieutiques et soucieuses d'assurer un volume de prises rentables à leurs propres pêcheurs, les autorités marocaines demandent que les possibilités de pêche accordées à l'Union européenne soient réduites sur trois ans de 65 % pour les céphalopodes et de moitié pour les crustacés.
"Il y aura une réduction des captures pour les pêcheurs de l'Union européenne, mais le niveau demandé par les Marocains est inacceptable", a réaffirmé Mme Bonino. "Un accord à ces conditions n'aurait plus d'interêt pour l'Union européenne", a ajouté le commissaire européen.
Outre les captures, l'accord négocié comprend plusieurs autres volets: débarquement des prises dans les ports marocains, compensations financières, nombre de marins marocains à bord des bateaux de l'Union, contrôles, partenariat.
La Commission européenne souhaite mettre par écrit tous les points sur lesquels les deux parties sont parvenues à un consensus, afin de dégager le terrain et de permettre une médiation politique sur les points difficiles.
Les Marocains s'opposent à cette méthode de travail et préconisent la rédaction d'un texte une fois un accord global conclu, a indiqué Mme Bonino.
Elle a précisé s'être entretenue par téléphone de ces difficultés avec le ministre marocain chargé de la pêche Mustafa Sahel.
Les négociations engagées depuis le 11 août constituent la sixième rencontre de ce type depuis le début de l'année. "Il en avait fallu 13 ou 14 pour conclure le précédent accord" en 1992, a souligné Mme Bonino, ne dissimulant pas qùelle s'attendait à une négociation "dure, lente et laborieuse".