MADRID, 21 août (AFP) - Le ton monte chez les pêcheurs espagnols après la suspension des négociations, samedi, entre l'Union Européenne et le Maroc, alors que le ministre de l'Agriculture, Luis Atienza, a lancé lundi un appel au calme. Les pêcheurs d'Algesiras, l'un des grands ports du sud de l'Espagne, ont bloqué pendant près d'une heure la circulation dans une rue de la ville. Aucun incident ne s'est produit. Les manifestants ont scandé des slogans en faveur d'une reprise de leur travail, interrompu depuis l'expiration fin avril du précédent accord de pêche entre l'UE et Rabat.
La protestation de lundi a été purement symbolique, a précisé un porte-parole des pêcheurs, Miguel Alberto Diaz, qui n'a pas écarté de nouvelles manifestations si les négociations entre l'UE et Rabat n'aboutissent pas de façon satisfaisante. En juin, les pêcheurs avaient bloqué pendant plusieurs semaines l'entrée de poisson venant du Maroc.
"Si les bateaux ne reprennent pas la mer, les Marocains doivent savoir qùils auront porté préjudice aux relations entre leur pays et l'Union Européenne", a averti Miguel Diaz.
A Almeria (sud-est), des pêcheurs continuaient lundi de surveiller l'arrivée de navires en provenance du Maroc pour éviter l'entrée en Espagne de produits marocains.
En Galice (nord-ouest), autre région touchée par l'amarrage des bateaux de pêche espagnols opérant dans les eaux marocaines, un porte-parole de la Confédération Inter-syndicale galicienne, Xabier Abio, a appelé les pêcheurs à s'organiser et à répondre avec fermeté à la lenteur des négociations UE-Maroc.
De son côté, le ministre espagnol de l'Agriculture, Luis Atienza, a demandé au secteur de faire preuve de patience. "Les négociations sont très complexes et les positions très distantes", a-t-il admis lors d'une conférence de presse à Madrid.
Selon le ministre, une réduction des prises de poissons pour les bateaux de l'UE qui n'entraînerait pas "une restructuration draconienne" du secteur serait un résultat positif pour l'Espagne.
Il faudrait également réorienter les activités de la flotte vers d'autres zones de pêche, a-t-il insisté.
Les négociations entre l'UE et le Maroc ont été suspendues samedi jusqùau 25 août. Le commissaire européen chargé de la pêche, Emma Bonino, a indiqué que des "divergences profondes" subsistaient sur plusieurs points.
Le principal point de désaccord porte sur la réduction des possibilités de pêche de l'Union Européenne, essentiellement des bateaux espagnols (environ 600) et portugais. Rabat réclame qùelles soient réduites de 65 % pour les céphalopodes (calmars et poulpes) et de moitié pour les crustacées sur trois ans.
Cette revendication a été qualifiée à plusieurs reprises "d'inacceptable" autant par la Commission Européenne que par les autorités espagnoles.
L'amarrage le 30 avril de la flotte espagnole travaillant dans les eaux marocaines avait déjà provoqué un vaste mouvement de protestation, interrompu en grande partie à la fin juin pour ne pas gêner le déroulement des négociations.
M.Atienza n'a pas exclu la prolongation des aides gouvernementales au secteur pour compenser les pertes.