RABAT, 29 oct (AFP) - Le Maroc redoute que des "surenchères" de dernière minute de certains pays européens ne remettent en cause des mois de négociations ardues et empêchent la signature prochaine de deux accords liés, d'association et de pêche, avec l'UE (UE), selon les milieux officiels à Rabat.

Une source communautaire a indiqué vendredi à Bruxelles que l'Allemagne et les Pays-Bas bloquaient actuellement la conclusion d'un accord d'association en refusant d'augmenter de 2.000 à 5.000 tonnes le contingent annuel de fleurs coupées exportables par le Maroc vers l'UE à droits de douane réduits. La Belgique refuse les exportations en avril de 4.500 tonnes de tomates primeurs en provenance du Maroc, ce qui représente moins de 1% de la production de tomates communautaires pendant ce mois. Le même jour, les industriels portugais de conserves de poisson dénonçaient la proposition européenne d'autoriser le Maroc à exporter vers l'UE "sans taxes" 20.000 tonnes de sardines. Rabat craint que le nouveau gouvernement à Lisbonne, victime de sa relative "inexpérience", ne se laisse influencer par ce lobby.

Les appréhensions des dirigeants marocains sont d'autant plus grandes qu'ils estiment avoir fait assez de concessions et que, à l'instar du roi Hassan II, ils trouvent "satisfaisants" pour les deux parties les contenus des deux accords qui devraient être finalisés cette semaine. Le Maroc est sur le point d'aboutir à un accord de partenariat avec l'UE "donnant satisfaction" au royaume, même si ce dernier 'est pas "parvenu à tout ce à quoi il aspirait", avait déclaré le souverain le 13 octobre.

Du côté marocain, on estime que le double message de Rabat dans le secteur de la pêche --à savoir préserver les ressources halieutiques et développer le secteur national-- est "bien passé".

Les réductions les plus importantes concernent les céphalopodiers qui devront réduire leurs prises de 40% d'ici quatre ans.

On note aussi avec satisfaction que, en dépit de la réduction des prises, la compensation financière passera de 100 à 125 millions d'écus par an.

Enfin, dans quatre ans, 30% cent des prises européennes devraient être débarquées dans les ports marocains, ce qui permettra, dit-on, de développer en amont et en aval des "industries florissantes". En ce qui concerne l'accord d'association valable pour une durée de quatre ans, on estime "positif" du côté marocain que, sur les produits "sensibles", le Maroc ait obtenu 340.000 tonnes pour les oranges (contre 296.800 dans l'ancien accord) et 156.680 tonnes pour les tomates (contre 135.600).

Cette décision de l'UE est intervenue après la rencontre début septembre à Rabat du roi Hassan II avec Emma Bonino, commissaire européen à la pêche, qui, de l'avis général, a permis de relancer des discussions qui piétinaient depuis fin avril, date de l'expiration de l'accord de pêche. Les entraves récentes de certains membres de l'UE à la conclusion des deux accords ont donc provoqué une certaine irritation à Rabat, où l'on comprend mal que "quelques tonnes de légumes ou de poissons" puissent menacer la réussite de la prochaine conférence euroméditerranéenne de Barcelone.

Les Marocains veulent cependant croire que, sous la pression notamment de l'Espagne et de la France, "le bon sens l'emportera" lundi à Luxembourg où les quinze ministres des Affaires étrangères de l'UE se retrouvent pour évoquer notamment ces deux accords avec Rabat.