Le débat fédéraliste - Cahiers trimestriels pour les Fédéralistes en Europe et dans le monde, n. 3, 95
"Un gouvernement pour l'Europe", tel était le titre du colloque international organisé par l'Union des Fédéralistes Européens le 7 octobre dernier à Milan, qui a rassemblé près d'une centaine de participants venus de la plupart des pays européens.
Dans son discours inaugural, le Président d'honneur de l'UEF, M. John Pinder, a souligné les obstacles qui se dressent sur la voie d'une orientation fédérale de l'Europe: l'absence de réponses claires (notamment en France) à la position allemande, le blocage du gouvernement britannique et la manque de volonté politique pour mettre en oeuvre un "grand projet mobilisateur" permettant de réconcilier Union Européenne et création d'emplois. John Pinder a par ailleurs lancé un appel au gouvernement italien afin qu'il traduise la volonté exprimée par le peuple italien lors du référendum de juin 1989 en faveur d'une Constitution européenne en introduisant un processus constituant dans le prochain Traité issu de la CIG de 1996. Sans avancée de l'Union Economique et Monétaire et sans réforme institutionnelle dans un sens fédéral, l'Europe ne pourra que se désintégrer, a-t-il conclu.
Le représentant du Gouvernement italien dans le Groupe de Réflexion, M. Silvio Fagiolo, a, pour sa part, rappelé les nombreuses échéances qui attendent l'Union Européenne et présenté les principales options de l'Italie pour la CIG de 1996. Compte tenu des oppositions "culturelles" entre les Etats membres, il a reconnu que ceux qui voudront aller de l'avant devront pouvoir le faire à la condition que l'unité du système ne soit pas mis en danger. Le membre italien du groupe de réflexion a, par ailleurs, souligné le rôle de l'UEF "gardienne de l'idée européenne" dans la sensibilisation des citoyens, garants de la légitimité populaire de l'Union Européenne, tout au long de la CIG.
Mme Emma Bonino, membre de la Commission Européenne, a, quant à elle, souhaité que l'Union puisse avancer dans la cohésion mais, a-t-elle ajouté, "le prix que nous sommes disposés à payer pour avancer unis n'est pas illimité; mieux vaut une Union Européenne moins large mais réellement intégrée sur le plan politique, qu'une Union sans projet commun et incapable d'agir à cause d'institutions pléthoriques et de mécanismes décisionnels inadaptés". Autant d'argument, selon Emma Bonino, pour se prononcer en faveur d'une "Europe de type fédérale qui soit en même temps plus forte, plus démocratique et plus solidaire".
D'autres intervenants ont exprimé leurs positions en vue de la CIG de 1996: Bruno Boissière, Secrétaire Général adjoint de l'UEF, Pier Virgilio Dastoli, Secrétaire Général du Mouvement Européen international ainsi que plusieurs parlementaires italiens (MM Livio Caputo, Sénateur, Giancarlo Malvestito, Député et Mme Fiorella Ghilardotti, Député européenne).
En conclusion du colloque, le Secrétaire national du Movimento Federalista Europeo, M. Guido Montani, a lancé un appel au Groupe de Réflexion et aux gouvernements des Etats membres en faveur d'un système institutionnel aux responsabilités claires qui permette aux citoyens de comprendre qui fait quoi et qui puisse promouvoir un projet européen capable de résoudre les problèmes des citoyens.
Bruno Boissière
