MADRID 14/12 (AFP) - Les principales organisations humanitaires mondiales ont souligné jeudi à Madrid la nécessité pour les gouvernements de prévenir les crises qui "mettent en danger la stabilité de la planète" et assuré que l'aide humanitaire ne peut en aucun cas servir de substitut à l'action politique. Le jour même de la signature à Paris de l'accord de paix sur la Bosnie, ces organisations ont appelé la communauté internationale à déployer des efforts identiques pour résoudre tous les conflits en cours. "La communauté doit s'engager avec la même force dans la lutte contre les crises qui n'occupent pas la première page de l'information internationale", ont-elles indiqué dans un communiqué. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, 50 conflits armés ont éclaté tandis que, par ailleurs, 800 millions de personnes souffrent actuellement de malnutrition, ont rappelé ces organisations qui tenaient un sommet humanitaire, à la veille de l'ouverture du Conseil européen dans la capitale espagnole. Des représent

ants de l'Unicef, de Médecins sans frontières, de la Croix-rouge, de l'Agence américaine de développement international, du Programme alimentaire mondial, du Comité européen des ONG, de Inter-Action assistaient notamment à ce sommet, le premier organisé par l'Union européenne. "Le succès de cette réunion, a dit lors d'une conférence de presse le Commissaire européen à l'aide humanitaire, Mme Emma Bonino, est que, pour la première fois, les principales organisations lancent ensemble un appel à la communauté internationale". Selon Mme Bonino, ce sommet est une réponse à la "déception croissante" des organisations, dont le travail est utilisé "comme un substitut aux actions politiques". "Il y a beaucoup de conflits qui auraient pu être évités par la voie politique", a-t-elle ajouté. "Le niveau de l'aide humanitaire a dépassé ces dernières années toutes nos prévisions", a poursuivi Mme Bonino. En 1995, cette aide globale a atteint quatre milliards de dollars et 45 millions de personnes dépendent directement de c

ette manne. "Il est évident que ce n'est pas la solution pour des crises qui sont principalement de la responsabilité de l'homme", assurent les organisations dans un texte dénommé "déclaration de Madrid", en citant les exemples du Rwanda et du Burundi, mais aussi de l'Afghanistan, du nord de l'Irak, du Sierra Leone ou du Soudan. "Il ne suffit pas d'essayer de résoudre les crises humanitaires existantes. Il faut prendre des mesures fermes pour les prévenir et attaquer leurs causes: l'extrême pauvreté, la faim, la surpopulation et le mépris des droits de l'homme", ont convenu les participants à ce sommet, pour qui l'aide au développement est l'"unique façon d'éviter" de nouveaux conflits. Les organisations notent que, pour prévenir les crises, il faut "une volonté politique" afin d'affronter les causes directes ou indirectes des conflits. Elles rappellent enfin la nécessité de l'indépendance et de l'impartialité de l'aide humanitaire. Les conclusions du sommet, qui a reçu le soutien du pape Jean-Paul II et d'H

illary Clinton, l'épouse du président américain, devaient être remises vendredi au président en exercice de l'UE, l'Espagnol Felipe Gonzalez.