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Conferenza Emma Bonino
Partito Radicale Maurizio - 27 febbraio 1996
L'EUROPE DE LA CONSOMMATION

LE SOIR, page 2

par Emma Bonino

En prenant mes fonctions de commissaire européen responsable de la politique des consommateurs, je pensais assumer la direction du seul secteur d'activité communautaire capable de susciter a priori le soutien inconditionnel des 370 millions de citoyens de l'Union. La réalité que je rencontre est toute autre: la politique des consommateurs laisse les citoyens et leurs représentants politiques indifférents, pour ne pas parler des médias.

Comment faire en sorte que l'opinion européenne participe à ce processus décisionnel communautaire qui concerne les consommateurs à double titre, en tant que citoyens et en tant que contribuables? Comment donner la parole à cette "force transversale", considérable mais encore virtuelle, qui englobe pourtant toutes les catégories sociales et toutes les familles politiques? Où nous sommes-nous trompés?

Il n'existe pas de meilleur observatoire que Bruxelles pour comparer l'inquiétude avec laquelle de grands groupes économiques suivent les principaux dossiers communautaires (qu'il s'agisse de la politique agricole, de la libéralisation du service public ou même de la marche vers la monnaie unique) et le manque d'intérêt manifeste des consommateurs, pourtant concernés par ces processus décisionnels en tant qu'utilisateurs et contribuables.L'ouverture du marché intérieur a stimulé l'adoption d'au moins une cinquantaine de nouvelles mesures législatives touchant les intérêts des consommateurs, mais les sondages Eurobaromètre révèlent que cette avalanche de directives communautaires n'a pas modifié la réalité que je viens de décrire. L'immense majorité des citoyens, magistrats et avocats inclus, ignore l'existence de ces mesures, que de nombreux États membres oublient de transposer dans leur droit interne.

Voilà pourquoi l'automne dernier, en rédigeant pour la Commission européenne un document sur les "Priorités pour la politique des consommateurs", approuvé ultérieurement, j'ai proposé une sorte de moratoire législatif et mis en revanche l'accent sur l'information et l'éducation des consommateurs (peut-on espérer une heure d'"éducation des consommateurs" dans les écoles?). La voie à suivre semble celle de l'intégration de la politique des consommateurs dans les autres politiques communautaires (agriculture, monnaie unique, santé, concurrence...) pour que l'intérêt du consommateur-citoyen soit toujours au premier plan. Cela implique une étroite collaboration entre l'Union, les États membres et les organisations représentatives des consommateurs, en ce qui concerne tant une répartition logique de compétences et le respect de la subsidiarité, qu'un simple calcul budgétaire.

Mais là réside un autre problème. L'Union consacre en effet 0,027% de son budget à la politique des consommateurs, soit le chiffre annuel - loin d'être astronomique - de 21 millions d'écus, avec lesquels nous devrions: informer 370 millions de citoyens dans quinze États, aider les associations de consommateurs, surtout les plus faibles, celles du Sud, financer des tests comparatifs à échelle européenne, encourager des projets pilotes pour favoriser l'accès des consommateurs à la justice... et faire bien d'autres choses encore.

Il est évident que si tous ne sont pas disposés à collaborer, bien peu pourra être réalisé.

Quelques exemples concrets, pour mieux se comprendre.

L'insatisfaction croissante des organisations de consommateurs est évidente face au peu de transparence et à la complexité que l'on rencontre sur le marché des services financiers.

Pourquoi la "carte interbancaire" française la moins chère estelle plus chère que la plus coûteuse des cartes belges analogues? J'ai proposé la tenue, en mars prochain à Milan, d'un Forum, organisé avec la présidence italienne de l'Union, où les consommateurs et les fournisseurs de services financiers puissent discuter ensemble et chercher des solutions.

J'aimerais qu'un autre Forum, organisé lui aussi dans le cadre de la présidence italienne, soit consacré au processus de libéralisation progressive de certains services publics qui ont une importance capitale dans la vie quotidienne des citoyens: télécommunications, transports, postes, énergie. Je crois que l'ouverture - plus qu'opportune - de ces marchés doit tout d'abord comporter, pour le consommateur, des avantages en termes de possibilité de choix, de qualité et de prix. Pour y parvenir, tout en se retirant de la gestion directe de certains services, l'État doit rester le défenseur des règles qui régissent une concurrence directe, la garantie de l'accès généralisé aux services, la répartition équitable des coûts enre les anciens et les nouveaux fournisseurs du service. Pour que l'opinion publique européenne accepte et approuve cette libéralisation, l'Union devrait dire clairement que l'objectif prioritaire est moinsd'ouvrir de nouveaux marchés à l'industrie privée que d'améliorer l'efficacité du marché

au profit des consommateurs.

Si le but principal de mon mandat consiste, comme je le crois, à apporter au consommateur la même dignité dans ses rapports avec les institutions nationales et communautaires, l'objectif à atteindre est une prise de conscience et une représentativité accrues des citoyens consommateurs, renforcées par une plus grande attention de la part des politiques.

Je ne revendique pas une politique commune pour les consommateurs, mais une véritable politique, dans le cadre du droit de citoyenneté européenne.

 
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