BRUXELLES, 12 mars (AFP) - Les Etats membres de l'Union européenne vont devoir poursuivre leurs efforts de réduction des capacités de leurs flottes de pêche afin de permettre la reconstitution des stocks de poissons, a annoncé mardi le commissaire européen à la pêche, l'Italienne Emma Bonino. La Commission européenne a entrepris de consulter les milieux professionnels et proposera en décembre "des plafonds d'efforts de pêche" pour chaque catégorie de navires: chalutiers, senneurs, fileyeurs.... Cet effort se fera dans le cadre d'un programme d'orientation pluriannuel (POP), le quatrième, couvrant la période 1997-1999 et doté d'une enveloppe financière de 2,7 milliards d'écus (1 écu = 1,3 dollar). Sur cette somme, 1,34 milliards d'écus iront à la flotte, dont 700 millions pour sa restructuration et 640 millions pour sa modernisation. Selon Mme Bonino, la flotte de pêche de l'Union européenne est toujours en situation de surcapacité, ce qui provoque une surexploitation des ressources halieutiques. "Trop de pêche tue la pêche", a-t-elle souligné. La Commission européenne reconnait que la poursuite de la réduction de l'effort de pêche va se dérouler dans un contexte économique et social difficile, notamment dans les zones dépendantes de cette activité, où le taux de chômage est souvent élevé. "Mais plus on attendra et plus les difficultés apparaitront comme insurmontables", estime Mme Bonino. "Le POP IV doit être compris comme l'instrument incontournable de l'adaptation durable du secteur aux conditions d'exploitation que lui dictent l'état des stocks et le marché, et non comme un outil de casse de la flotte", affirme-t-elle. "Il n'y a pas d'autre solution possible. Le secteur, dont la mutation se era de toute façon, a tout à gagner à accepter que sa restructuration s'organise dans le cadre des programmes d'orientations pluriannuels plutôt que sous la seule impulsion des forces du marché", a-t-elle ajouté. Mme Bonino met toutefois en garde. "Il faut tuer les vieilles cr
oyances selon lesquelles une fois la surcapacité éliminée, on pourra à nouveau reconstruire les navires perdus lorsque le poisson sera revenu. Il n'en est rien, car les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous retomberions dans la même situation", a-t-elle affirmé. L'objectif ne sera toutefois pas facile à atteindre, plusieurs Etats membres, notamment les Britanniques, se refusant à réduire davantage la capacité de leurs flottes. Le bilan de la réduction de l'effort de pêche entrepris par les Etats membres au cours du POP III (1992-1996) sera connu à la fin de l'année 1996, mais la Commission estime que le résultat sera "insuffisant".
La flotte de pêche communautaire comptait 101.681 navires en 1995, dont la grande majorité font moins de 10 mètres: 19.103 pour l'Espagne, 12.317 pour le Portugal, 16.434 pour l'Italie, 20.354 pour la Grèce, 6.650 pour la France, 157 pour la Belgique, 508 pour les Pays-Bas, 4.993 pour le Danemark, 2.452 pour l'Allemagne, 9.983 pour la Grande-Bretagne, 1.421 pour l'Irlande, 4.349 pour la Suède et 2.959 pour la Finlande. L'Autriche et le Luxembourg n'ont pas de flotte de pêche.