Le commissaire européenne annonce une nouvelle réduction de la flotte afin de préserver la ressource
PIERRE VERDET
C'est le 31 mars qu'un groupe indépendant de scientifiques, appelé commission Larsen, communiquera à Bruxelles les résultats de ses recherches sur l'état de la ressource halieutique européenne.
Ce n'est plus un secret pour personne, les stocks de poissons dont ceux du golfe de Gascogne, sont en très mauvais état. La faute à la surpêche et un manque de sélectivité de certaines méthodes de capture, (lire "SOD" du 18 février).
Les cause du mal sont connues mais les thérapeutiques efficaces tardent à être appliquées.
Pourtant il faudra se résoudre à passer rapidement aux actes, c'est ce qu'a affirmé hier Mme Emma Bonino, commissaire européen pour la pêche, qui faisait le point sur la préparation du programme d'orientation pluriannuel, dit POP 4 prévu pour couvrir la période de 1997 à 1999.
Cette parlementaire italienne, réputée pour son franc-parler, n'a pas caché son inquiétude. "Trop de pêche tue la pêche, a-t-elle lancé, et sans poissons il n'y aura pas de futur pour les pêcheurs. Leurs efforts pour compenser la diminution de la ressource, s'ils n'ont pu suffir à comble le vide, ont conduit en revanche aux dernières limites économiques possibles. Il faut donc stopper cette fuite en avant désastreuse pour la ressource halieutique et les entreprises. Le retour à une bonne gestion passe donc par l'équilibre entre la ressource et la flotte de l'Union Européenne.
Concrètement, sans attendre les résultats de l'étude scientifique qui permettront de fixer des objectifs précis pour assurer le rétablissement, voire le sauvetage de certaines espèces, une vaste consultation a été engagée dans tous les Etats membres entre les partenaires concernés, souvent au niveau régional.
Le plan de réduction et de restricturation de la flotte devrait normalement être accepté et bouclé le 31 décembre 1996. Il ne s'agit pas d'un diktat de Bruxelles mais d'une chance pour l'avenir de tout le secteur, poursuit Emma Bonino, et nous espérons que tout le milieu professionnel accompagnera et sera acteur de ce processus. Quoi qu'il en soit, il est désormais impossible d'arrêter ce changement indispensable, déjà entamé, que nous accompagnerons financièrement car il aura inévitablement des conséquences socio-économiques douloureuses. Pour la période de 1994 à 1999 nous disposons d'une enveloppe de 2700 millions d'écu".
LA SATISFACTION D'ITSAS GEROA
La flotte européenne dont la capacité doit être réduite pour alléger la pression de pêche, représente environ aujourd'hui 100.000 bateaux pour un total de 8 millions de kilowatts -indice de calcul de la puissance des moteurs -et 2 millions de tonnage. C'est aussi vers une plus grande sélectivité de la pêche que l'Europe veut ramener la profession? Un point qui réjuit l'association franco-espagnole Itsas Geroa (l'avenir de la mer en basque), représentant 7.000 pêcheurs des deux côtés des Pyrénées. Cette association se bat justement contre les méthodes non sélectives, et vient notamment de demander à l'Europe l'interdiction de toute pêche intensive -pélagiques, filets maillants dérivant et gros palengriers- dans le sud du golfe de Gascogne pour une période de dix ans.
J'ai bien reçu le dossier d'Itsas Geroa, précise emma bonino, et je vais recevoir très rapidement ses dirigeants. Je suis favorable à la consultation la plus large. Il ne faut plus se cacher la vérité même si elle est dure à avouer. Il faut remettre de l'ordre mais lorsque les stocks de poissons seront revenus à un niveau normal, il ne sera pas question de réarmer des bateaux pour retrouver les mêmes excès.