7 jours Europe-N. 224Adapter la taille de la flotte communautaire de pêche aux ressources halieutiques et à l'état du marché:telle est l'ambition du quatrième programme d'orientation pluriannuel (POP IV), dont les travaux préparatoires ont été mis à flot par la Commission européenne le 12 mars. D'ici à la fin de l'année, les Quinze arrêteront une stratégie pour la flotte communautaire qui couvrira la période 1997-1999.
La surexploitation des ressources halieutiques est telle qu'il faudrait réduire d'au moins 40% la capacité de pêche des Etats membres. Tel était le constat alarmant du comité Gulland d' experts scientifiques, en 1990. Depuis, l'Union européenne n'a réduit son effort de pêche que d'environ 7 %. D'où la nécessité pour les Etats membres de l'Union de poursuivre leurs efforts de réduction des capacités de leurs flottes de pêche, afin de permettre la reconstitution des stocks de poissons. Cette priorité a été souligné, le 12 mars dernier, par Emma Bonino, commissaire européen chargé de la pêche, lors d'une téléconférence diffusée dans toute l' Union. "La surcapacité de la flotte communautaire réduite, car trop de pêche tue la pêche", a expliqué Emma Bonino. Le commissaire européen lançait à cette occasion les travaux préparatoires du prochain programme d'orientation pluriannuel (POP IV), qui couvrira la période 1997-1999. Objectif: fixer, avant la fin de l'année, les réductions nocessaires de la flotte de péche c
ommunautaire, par Etat membre et par type de flotte (chalutiers, fileyeurs, etc.).
Ce programme quinquennal ne sera adopté qu'à l'issue d'une longue procèdure de concertation: fin mars tout d'abord, un groupe de scientiflques indépendants - le comité Lassen - va formuler des recommandations pour garantir la préservation des ressources. Deuxième étape, fin avril, un expert indépendant fera la synthèse de la vaste consultation des professionnels de péche, lancée dans les régions par la Commission européenne en décembre 1995. Puis les ministres de l'Union - sans doute lors du Conseil "Pêche" de juin 1996 - fixeront les orientations générales du POP IV, _ qui permettra à la Commission d'arrêter, avant fin 1996, le nombre des navires de péche autorisés par Etat membre.
Mesures d'accompagnement loin d'être un outil de gestion du déclin de la flotte communautaire, le POP [V représente une opportunité pour cette dernière, "qui pourra ainsi assurer sa restructuration", a souligné E. Bonino. Une flotte moins pléthorique doit permettre aux pécheurs européens d'accroitre leur compétitivité, pour répondre à la concurrence_ grandissante des pays tiers: 50 % des poissons consommés dans l'Union proviennent d'ores et déjà d'importations. Et la restructuration de la flotte européenne est d'autant plus nécéssaire qu'il va être de plus en plus difficile aux pécheurs européens de recourir à des accords bilatéraux pour pouvoir poser leurs filets dans les eaux territoriales des pays tiers. Ces derniers, comme le Maroc ou le Sénégal, entendent en effet développer leurs propres capacités de péche.
Cet effort de restructuration bénéficie d'un important soutien financier de l'Union. Dans le cadre de la politique régionale communautaire, 19 milliards de francs (3 milliards d'écus) des fonds structurels ont été mis à la disposition des Etats membres, pour financer les mesures d'accompagnement nécessaires sur la période 1994-1999: soutien aux investissements productifs dans l'ensemble du secteur, mesures en faveur des marins pêcheurs quittant la profession, versement de primes à la démolition des navires, etc. "Ces mesures structurelles permettent de prendre en compte les effets socio-économiques du programrne pluriannuel sur les zones dépendantes de la pêche", explique-t-on à la Commission européenne.
(Y. C.)