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Conferenza Emma Bonino
Partito Radicale Centro Radicale - 3 aprile 1996
aide humanitaire

BURUNDI: LA MAIN DE FER DES PAYS AMIS

par Colette Braeckman

Le Soir, mardi 2 avril 1996

Nos amis burundais doivent comprendre qu'il s'agit peut-être ici d'une réunion de la dernière chance et que, s'ils ne veulent pas s'engager sur la vole de la paix, la communauté internationale risque de les abandonner complètement... D'ores et déjà, nous constatons que si les équipes humanitaires vent attaquées, si l'aide ne peut être distribuée dans le pays, il est plus facile d assister /es réfugiés qui se trouvent á l'extérieur.. Nous ne pouvons les aider malgré eux... A bon entendeur, salut! Ce ferme avertissement a été délivré lundi au Burundi à l'occasion d'une mission conjointe menée par Mme Emma Bonino, commissaire européen à l'Aide humanitaire, et M. Bryan Atwood qui dirige l'US Aid, l'agence d aide américaine. Pour la première fois, Européens et Américains, qui travaillent côte à côte en Afrique et plus particulièrement dans la région des Grands Lacs, ont décidé de coordonner leurs efforts sur le plan humanitaire mais aussi évidemment sur le plan politique. Car comment ne pas toucher à la politique

lorsque l'ensemble de l'aide d'urgence apportée au seul Burundi s'élève à 1,7 million de dollars par mois et que les pays donateurs préféreraient que de telles sommes soient consacrées à des projets de reconstruction ou de développement?

100.000 MORTS EN DEUX ANS

Les bailleurs de fonds considèrent actuellement qu'un dialogue devrait s'ouvrir entre tous les protagonistes, y compris les forces les plus extrêmes, et ils estiment que la convention de

gouvernement conclue en septembre 1994 entre le Frodebu parti vainqueur des élections, et les partis d'oppositions tutsis n'a pas donné satisfaction, puisque la violence s'est poursuivie dans le pays. Elle a entraîné quelque 100.000 morts en deux ans (plus de 70 encore dimanche et trier) et des dizaines de milliers de réfugiés et de déplacés intérieurs...

Puisque l'accord de partage du pouvoir conclu entre les forces considérées comme centristes nia pas fonctionné de manière satisfaisante, les partenaires du Burundi, las de payer à fonds perdus pour l'aide d'urgence et craignant un deuxième génocide ou un génocide au compte-gouttes, souhaitent que soit élargi le champ des pourparlers de paix. Et qu'y soient inclus les porte-parole de l'ancien président Bagaza, qui rassemble autour de lui les plus radicaux des Tutsis, ainsi que les mouvements de guérilla hutus.

DES RÉPONSES MITIGÉES

Sur le plan politique, ce conseil à haut risque suscite à Bujumbura des réponses mitigées: le Premier ministre, M. Nduway, répète qu'il n'est pas question de négocier quoi que ce soit avec des forces génocidaires, qui s'attaquent à la population civile.Du côté du Frodebu, les positions vent moins nettes: le président de l'Assemblée Nationale, Leonce Ngendakumana, n'écarte pas l'idée d'une discussion avec des représentants des forces de Défense de la démocratie, de Leonard Nyangoma, à condition cependant que la guérilla dépose les armes. Tout se passe comme si à la veille d'une négociation globale, soutenue par les partenaires étrangers, une lutte pour le leadership se dessinait déjà entre les trois mouvements de lutte armée du peuple majoritaire. Préoccupés par cette montée de tension, les bailleurs de fonds veulent à toute force imposer un dialogue politique aux parties en présence. Sans le dire ouvertement, ils souhaiteraient une restructuration de l'armée afin qu'elle s'ouvre plus aux Hutus et peut-être à

des éléments de la guérilla. La mission au Burundi de Mme Bonino et de M. Atwood représente une première sur le plan de l'action commune euro-américaine. Elle représente peut-être aussi une première dans le domaine de la diplomatie préventive musclée: la main humanitaire tendue au Burundi est de fer mais dans un gant de velours. Le dialogue politique si fermement proposé pourra difficilement être différé longtemps encore...

 
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