BRUXELLES, 22 avr (AFP) - Les flottes de pêche de l'Union européenne pourront dépasser de 10% au maximum leurs quotas nationaux de captures dans les eaux communautaires à compter du 1er janvier 1997, a annoncé lundi un porte-parole de la Commission européenne. Cette mesure est la principale décision prise par les ministres de la pêche des Quinze à l'issue de leur conseil à Bruxelles. Ils ont en effet reporté à une prochaine réunion toute décision concernant la nécessaire réduction de la capacité de leurs flottes, malgré un rapport alarmant d'un groupe d'experts indépendants présidé par le professeur danois Hans Lassen sur l'état des ressources en poisson dans les différentes zones de pêche du monde. Le dépassement des quotas de captures a été accepté à l'unanimité par les ministres. Il vise à remédier au problème du rejet en mer des prises effectuées au-delà des quotas autorisés, mesure considérée comme un véritable gâchis, car le poisson rejeté est mort. Les pêcheurs seront désormais autorisés à dépasser le
urs quotas de 5% sans avoir à se justifier. Au-delà, les Etats membres devront demander à la Commission européenne l'autorisation de débarquer les quantités supplémentaires, qui ne doivent pas excéder 10% du quota, selon l'accord. Tout dépassement du quota autorisé est en effet considéré comme un "prêt" et sera déduit du quota accordé àl'Etat membre pour la campagne 1998. Si les quantités débarquées sont supérieures à 10% du quota autorisé, la réduction pour l'année suivante sera majorée selon un système de coëfficient. Ainsi, un dépassement de 20% du quota autorisé entraînera une réduction de 22% de ce quota pour l'année suivante (dépassement x 1,10%), un surplus de 40% signifiera une baisse de 56% (dépassement x 1,2%). Les ministres devront cependant se prononcer avant la fin de l'année sur la réduction de la capacité de pêche de leurs flottes. Il faudra tenir compte de l'impact socio-économique d'une telle mesure pour un secteur en crise, ont-t-ils toutefois souligné lundi. La commission européenne devrai
t pouvoir présenter des propositions chiffrées au mois de juin, selon un de ses porte-parole. Selon le commissaire européen chargé de la pêche, l'Italienne Emma Bonino, la flotte de pêche de l'Union européenne est toujours en situation de surcapacité, ce qui provoque une surexploitation des ressources halieutiques. "Trop de pêche tue la pêche", a-t-elle affirmé. "Il n'y a pas d'autre solution possible que la poursuite de la restructuration. Le secteur, dont la mutation se fera de toute façon, a tout à gagner à accepter que sa restructuration s'organise dans le cadre des programmes d'orientations pluriannuels plutôt que sous la seule impulsion des forces du marché", a-t-elle déclaré. Le rapport Lassen préconise des réductions de l'effort de pêche variant entre 20 et 40% selon les espèces, voire l'arrêt de la pêche pour le saumon sauvage dans la mer Baltique. La flotte de pêche communautaire comptait 101.681 navires en 1995, dont la grande majorité font moins de 10 mètres: 19.103 pour l'Espagne, 12.317 pour le
Portugal, 16.434 pour l'Italie, 20.354 pour la Grèce, 6.650 pour la France, 157 pour la Belgique, 508 pour les Pays-Bas, 4.993 pour le Danemark, 2.452 pour l'Allemagne, 9.983 pour la Grande-Bretagne, 1.421 pour l'Irlande, 4.349 pour la Suède et 2.959 pour la Finlande. L'Autriche et le Luxembourg n'ont pas de flotte de pêche.
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