QUIMPER, 14 mai (AFP) - Les marins-pêcheurs bretons se sont déclarés "déçus" par les propositions de la Commission européenne qui, pendant deux jours à Quimper (Finistère), a tenu un colloque décentralisé avec les professionnels de 13 pays et des parlementaires européens sur les accords de pêche internationaux et l'organisation commune du marché des produits de mer. "On nous a annoncé lundi notre sentence de mort et je n'ai même pas pu choisir la couleur du cercueil", a déclaré à la presse André Le Berre, représentant des marins-pêcheurs artisanaux du sud-Finistère, qui, avec une quinzaine de pêcheurs bretons et vendéens, s'est fait éconduire mardi à la mi-journée d'une réunion de la commission pêche du Parlement européen sur les accords avec les pays tiers. "C'est une incompréhension totale sur les quais et sous les halles à poissons quand la Commission nous dit qu'il faut pêcher moins et transformer davantage les produits de la mer sur les lieux de production", a-t-il ajouté en faisant allusion aux proposi

tions d'Emma Bonino, commissaire européen chargée de la pêche, qui présidait le colloque de Quimper. La veille, lors d'une visite des fonctionnaires européens sur le port du Guilvinec (Finistère), il avait déjà tiré la sonnette d'alarme pour les pêcheurs bretons qui, depuis plusieurs années, souffrent de la chute des cours. "Nous n'hésitons pas à crier toute la détresse, l'amertume et la rancoeur d'une profession qui se sent flouée par l'énorme machine de l'Europe", a-t-il dit en faisant remarquer que, depuis 1987, plus de 600 navires de pêche avaient déjà été désarmés dans le Finistère. Pour lui, l'idée de transformer le poisson sur les lieux de production "est une utopie". "Ici, dit-il, nous sommes au bout du monde occidental et loin des circuits commerciaux et comment voulez-vous faire de la valeur ajoutée avec la langoustine qui a fait notre richesse ?". "Je ne suis pas venue ici pour distribuer des illusions", a déclaré Emma Bonino qui a avoué "comprendre l'amertume des pêcheurs bretons" tout en constat

ant que son "message pour l'avenir de la filière pêche était différent du leur". Elle s'est déclarée "persuadée qu'il y a un avenir dans ce secteur à condition de persuader tous les professionnels d'en devenir acteurs". Mais, a-t-elle ajouté, "il n'y a pas de solution miracle pour chacune des régions où la pêche est un atout économique important. J'espère que les difficultés que connait la pêche bretonne ne viennent pas de Bruxelles. Nous sommes plutôt là pour les aider". Mme Bonino a toutefois déclaré que "les pêcheurs bretons étaient de bons élèves" pour avoir déjà sensiblement réduit leurflotille de pêche. "Ils seront récompensés", a-t-elle dit laissant entendre qu'ils seraient moins touchés que d'autres par le 4ème plan d'orientation pluriannuel de réduction des flotilles qu'elle présentera aux ministres européens le 10 juin prochain.