LONDRES, 30 mai (AFP) - Le secrétaire d'Etat britannique chargé de la pêche, Tony Baldry, a déclaré jeudi que la Grande-Bretagne "n'est pas prête à envisager de nouvelles réductions de sa flotte de pêche" comme le demande la Commission européenne. L'annonce à Bruxelles par le commissaire européen à la pêche Emma Bonino de nouvelles réductions de flottes européennes pour la période 1997-2002, allant jusqu'à 40% pour les stocks les plus sensibles, est "clairement intenable", a dit M Baldry à la BBC. "La communauté doit affronter le fait que l'industrie britannique de la pêche continuera à manifester sa colère tant que des bateaux à équipage espagnols, appartenant ou pilotés par des Espagnols, continueront à pêcher selon les quotas britanniques de pêche", a-t-il dit. Ces déclarations traduisent les difficultés que pose à Londres la vente de licences de pêche britanniques à des armateurs étrangers, les autorisant à opérer dans les eaux territoriales du Royaume Uni. Une centaine de bateaux battant pavillon britan

nique, mais dont les propriétaires sont des ressortissants d'autres Etats membres, opèrent ainsi dans les eaux britanniques. La Grande-Bretagne a en outre été contrainte l'année dernière d'autoriser une certain nombre de bateaux de pêche espagnols et portugais à opérer dans ses eaux territoriales, qui jusqu'à présent leur étaient interdites. "Nous ne sommes pas prêts à envisager un programme supplémentaire de réduction de notre flotte, tant que la communauté ne se penchera pas sur ce problème", a dit Tony Baldry. "Nos pêcheurs apprécient bien sûr le besoin de mesures de conservation pour préserver les réserves de poissons dans la mer", a déclaré M. Baldry. "Nous en prenons. Mais nos pêcheurs qui travaillent dur, souvent dans des conditions difficiles, pour gagner de quoi vivre, vont être très en colère après avoir été traités de 'mauvais garçons' par Mme Bonino", a-t-il dit. "Et qui vise-t-elle comme les 'bons garçons' dans tout cela si ce n'est les Espagnols ?", s'est-il indigné. Mme Bonino a présenté un no

uveau Programme d'orientation pluriannuel (POP), le quatrième depuis 1983, "rendu nécessaire par une nouvelle aggravation de l'état des stocks" et modulé en fonction des efforts déjà entrepris par les Etats membres pour réduire leurs flottes au cours des précédents plans. Selon Mme Bonino, ceux qui auront désarmé dans le passé plus que demandé par l'UE (dans l'ordre Portugal, Danemark, Espagne, Allemagne et France) auront dans cette période à faire moins d'efforts que ceux qui sont restés les plus éloignés des objectifs (essentiellement lesPays-Bas et le Royaume-Uni). La presse britannique de jeudi a vu dans l'annonce de ces nouvelles réductions une mesure de rétorsion de la communauté européenne face à la décision de Londres de bloquer toute avancée des dossiers européens tant que l'embargo sur le boeuf britannique n'aura pas été levé.