par Gabriele GRENZLUXEMBOURG, 9 juin (AFP) - Les ministres de la pêche de l'Union européenne entament lundi à Luxembourg le débat sur la réduction nécessaire de leurs flottes de pêche afin de préserver les stocks de poissons dont certains sont en état "d'urgence biologique", selon la Commission européenne. Bruxelles a ainsi proposé le 29 mai aux Quinze un nouveau programme d'orientation pluriannuel, à mettre en place à partir de 1997 après expiration du dernier programme le 31 décembre prochain. Le nouveau projet comprend des propositions de réduction de la flotte communautaire de près de 40% pour la capture d'espèces halieutiques les plus sensibles, comme le cabillaud ou le hareng. "Trop de pêche tue la pêche" avait averti la Commissaire chargée du dossier, Emma Bonino, pour justifier les nouveaux efforts considérables qu'elle demande aux Etats membres afin de préserver les ressources et garantir le maintien de ce secteur en proie à des difficultés économiques depuis plusieurs années. Dans les Etats membres, en revanche les
organisations de pêcheurs ont immédiatement dénoncé la menace qui guêtera des milliers d'emplois en cas d'application des propositions de la Commission. Bruxelles a, par ailleurs, proposé de financer les mesures d'accompagnement social de ce plan de réduction par des dotations de 3,1 milliards d'écus (3,8 milliards de dollars) d'ici 1999. L'Espagne, dont la flotte de pêche compte parmi les plus importantes de l'Union, a rejeté le plan de Bruxelles en le qualifiant d'inadmissible et de totalement inacceptable. La Grande-Bretagne, l'Irlande, la Finlande et les Pays-Bas se sont également montrés réticents à l'idée de devoir à nouveau réduire leurs flottes respectives. La Commission européenne avait laissé entendre que les efforts demandés seraient modulés en fonction desréductions appliquées ces dernières années par les Etats membres. Londres et La Haye devraient ainsi fournir les plus gros sacrifices, ayant par le passé montré le moins d'empressement à réduire leurs capacités de pêche. De sources diplomatiques
britanniques on admet effectivement que la flotte du Royaume-Uni a été réduite de 10 % à peine alors que Bruxelles demandait 19% d'ici la fin 1996. Le Portugal, le Danemark, l'Espagne, l'Allemagne et la France, qui ont réussi à se tenir aux objectifs de réduction fixés par la Commission, ne devraient pas être solicités aussi durement que leurs partenaires britanniques par exemple. Le ministre britannique devrait également soulever le problème des pêcheurs étrangers opérant dans les eaux britanniques, comme il l'avait déjà fait lors du dernier conseil sur la pêche des Quinze le 22 avril. Les licences accordées aux pêcheurs espagnols et néerlandais par des ports britanniques sont tout à fait légales et entrent dans le cadre du principe fondamental de la liberté d'établissement pour les citoyens européens sur tout le territoire de l'UE. Toutefois Londres conteste le fait que ces navires soient comptabilisés dans les quotas alloués à la Grande-Bretagne. Cela représente selon des sources britanniques environ 46
% des quotas britanniques pour le colin et 44% pour la plie. "Pour aucune autre industrie on fixe des quotas sur une base nationale", s'est plaint un diplomate britannique de haut rang. La discussion ne devrait sans doute pas aboutir lundi, a-t-on souligné de source communautaire, mais elle permettra au moins de dégager les grandes orientations sur la fixation des objectifs de réduction des flottes des Quinze à partir de 1997. Par ailleurs les ministres de la pêche sont appelés à se prononcer sur un système de contrôle par satellite des navires de pêche de l'Union. Des projets pilotes avec 350 bâteaux ont été menés pendant un an et il s'agit maintenant de rendre ce système obligatoire pour certaines catégories de bateaux à partir de 1997 et-giu- l'étendre à tous les navires de plus de 15 m à partir de 1999.