LE CHANARD ENCHANE, page 5
La crise de la vache folle semble exacerber chez les Britanniques quelques vieux réflexes chauvins et isolationnistes.
L'italienne Emma Bonino, issue du petit Partito radicale et qui exerce à Bruxelles en tant que commissaire européen pour l'Aide humanitaire, la Pêche et les Consommateurs, vient d'en faire les frais.
Invitée fin mai des "Nouvelles du soir" de la deuxième chaîne publique anglaise (BBC 2), Emma Bonino y a développé le dernier "plan de restructuration" des pêchés européennes concocté par Bruxelles. Un plan qui conclut à une "réduction de l'effort de pêche compte tenu de ressources marines trop réduites pour une flotte trop abondante. Résultat: elle reçoit depuis un déluge de lettres d'injures raffinées.
"Rentrez dans votre pays mafieux pourri et restez-y. Cessez de jouer les calamités publiques" écrit ainsi doucereusement à Emma une certaine Catherine Straker, du Sussex. sûrement saisie d'un prodigieux élan de solidarité féminine. "Avec mon plus extrême mépris et rna plus grarlUe haine pour vous-mêmes et vos concitoyens", lui lance le dénommé Richard Swarbrick, du Surrey, un avenant garçon qui estime que "l'une des quelques rares bonnes choses de la (dernière) guerre a été la défaite de l'abjecte Italie."
Le débat, si l'on ose dire, prend le plus souvent une tournure historique. John Jackson, de Manchester, suggère pour sa part que "la tete de truie et crétine Emma Bonino se contente de laver les plats dans sa cuisine": alors que pendant la guerre d'Espagne les "volontaires anglais se battaient pour les Espagnols en guenilles uous (les Italiens sous Mussolini) souteniez les plus salopards des Espagnols (comprenez les franquistes)". "En tout état de cause, votre hygiène est bien loin d'être à la hauteur de la nôtre, à en juger par ce qu'en rapporte la presse", ajoute un certain D.J. Pecked.
Si la vache folle anglaise rend fou, il semblerait que le poisson de la Manche rende furieux!