par Michel VIATTEAUROME, 25 août (AFP) - En déclarant que l'Italie pourrait retarder son adhésion à l'Europe monétaire, la lutte contre le chômage devant avoir la priorité, le président de Fiat Cesare Romiti a suscité un vif débat en Italie, s'attirant le soutien des marxistes de Refondation Communiste et des critiques du côté du gouvernement. Intervenant vendredi à Rimini au rassemblement de "l'amitié entre les peuples" organisé par des catholiques conservateurs, le patron du premier groupe privé italien a enfreint un tabou qui interdisait de remettre en question l'intention de l'Italie d'adhérer dès que possible à la monnaie unique. "L'entrée de l'Italie dans l'Europe peut être différée si cela peut lui permettre de réduire le nombre de ses chômeurs", a affirmé M. Romiti. "L'emploi est un objectif dont l'importance est supérieureà la question du déficit public", a-t-il dit, tout en s'affirmant partisan de l'intégration. Le taux de chômage atteint 12% en Italie et la lutte contre l'inflation menée avec succès par le gouvernem
ent de centre-gauche ne favorise pas la consommation. Les propos de M. Romiti ont réjoui Fausto Bertinotti, leader de Refondation Communiste, formation marxiste qui ne fait pas partie de la coalition au pouvoir, mais dont le gouvernement de Romano Prodi a besoin pour disposer de la majorité absolue à la chambre. Mais il tenu à préciser que le président de Fiat critiquait Maastricht pour des raisons économiques, alors que sa formation le faisait pour des raisons sociales. Même son de cloche du côté du syndicat socialisant CISL, dont le leader Sergio D'Antoni a qualifié l'intervention de M. Romiti de "nouvelle agréable". Mais le ministre de l'Industrie, Pierluigi Bersani, ne l'entend pas ainsi, qui "ne voit aucun avantage" à retarder l'entrée de l'Italie dans l'union monétaire. "Nous devons affronter le déficit et la dette publique, imposer une ligne d'assainissement et trouver un équilibre entre l'assainissement et la relance de l'économie", a-t-il dit. Le commissaire européen à la pêche et à la consommation
Emma Bonino a été plus directe. "L'appel de Romiti reflète les intérêts du groupe turinois et non ceux du pays", a-t-elle affirmé. "S'il veut que l'Etat, avec les deniers publics, relance l'emploi, par exemple en embauchant les ouvriers licenciés par Fiat, il n'a qu'à le dire clairement", sans "se cacher derrière la monnaie unique". Pour Mme Bonino, "l'accélération de l'assainissement financier n'est qu'un service que nous nous rendons à nous-mêmes". Le sous-secrétaire aux Affaires étrangères chargé de l'Europe Piero Fassino a souligné de son côté que si la lire restait hors du système de la monnaie unique, l'Italie se trouverait marginalisée sur les marchés européens, avec un effet négatif pour l'emploi. Des critiques similaires ont été exprimées par le secrétaire du Parti républicain Giorgio La Malfa et par celui du Centre chrétien-démocrate Pier Ferdinando Casini. "Rendez-nous Agnelli", a dit l'ancien leader de la centrale syndicale CGIL Giuliano Cazzola. "Lui au moins voulait traverser les Alpes et non s
e noyer dans la Méditerranée". Enfin, à Bruxelles, le porte-parole de la Commission européenne Nikolaus Van der Pas, tout en relevant que des questions analogues étaient posées en Belgique, en Allemagne, en France, en Irlande et en Suède, a affirmé que l'assainissement des finances publiques imposé par Maastricht contribuait à libérer des ressources pour les investissements.