par Bertrand BOLLENBACH
LUXEMBOURG, 13 oct (AFP) - Le commissaire européen à la pêche, Emma Bonino, est confronté lundi à Luxembourg à la rude tâche de convaincre les ministres européens de s'engager à des efforts substantiels de réduction des flottes pour 1997-2002, au nom de la protection des ressources "en danger". L'objectif de Mme Bonino est de diminuer la pêche de 40% pendant cette période pour les stocks les plus sensibles (cabillaud, sardines, églefin) et moins pour les autres. Elle concède que ce but n'a pas forcément à se traduire par une réduction des flottes du même ordre, car on peut aussi agir sur les temps d'activité en mer. La stratégie de Mme Bonino est d'avancer suffisamment lundi sur la définition de principes communs d'une "réduction organisée", de façon à ce que le prochain conseil des ministres du 22 novembre puisse adopter ce "programme d'orientation pluriannuel pour la pêche" (POP) pour les différents types de flotte. Ce serait ensuite à la Commission de transposer ce plan au niveau des 13 Etats concernés av
ant la fin de l'année. Selon le commissaire, ce sera fait de façon "équitable" et en tenant compte des efforts déjà consentis au cours des plans précédents, les mauvais élèves étant les Hollandais et les Britanniques et les meilleurs les Portugais, Danois, Espagnols et Français. Plusieurs Etats membres doutent que ce programme puisse être mené à bien dans les délais. Même si tous reconnaissent qu'il y a globalement trop de pêcheurs par rapport aux poissons, la première présentation par Mme Bonino en juin avait soulevé de nombreuses protestations devant les conséquences sociales prévisibles sur certaines régions côtières. Le ministre français Philippe Vasseur avait alors estimé que son pays ne pouvait désarmer plus que ce qui a été fait jusqu'ici sans nuire gravement à certains ports. Son homologue britannique Tony Baldry avait posé comme préalable -pourtant désavoué par la Cour européenne de justice- de pouvoir s'opposer à ce que des pêcheurs étrangers (espagnols surtout) puissent acquérir des licences brita
nniques et donc opérer sur le quota de prises du Royaume-Uni. Mme Bonino fait valoir que la petite pêche côtière -chalutiers de moins de 7 m- est exemptée par son plan car elle est relativement peu prédatrice et grande pourvoyeuse en emplois. Le commissaire agite aussi l'enveloppe annuelle de 460 millions écus (600 millions dollars) prévue comme accompagnement social de la restructuration, seule capable selon elle, de rétablir un "équilibre durable" et la "prospérité" de l'activité. Un autre point important de l'ordre du jour du conseil des ministres sera la proposition d'adoption d'un réglement rendant obligatoire le suivi par satellite de certains types de navires de pêche. Le projet prévoit d'assujettir dès janvier 97 les navires de pêche industrielle, les campagnes hors eaux communautaires et l'utilisation de filets dérivants de plus de 1.000 m, alors que deux ans plus tard le système serait étendu à tous les chalutiers de plus de 18 m. Ceci constituerait une arme importante pour la politique de contrôle
, alors que selon certaines estimations, les fraudes diverses amèneraient des dépassements des quotas d'au moins 25%. Il y encore des divergences entre Etats membres, notamment sur le respect ou non de la confidentialité des données. Un réglement portant sur la refonte des normes de commercialisation communautaire ne devrait en revanche pas poser de gros problèmes.