par Bertrand BOLLENBACH
LUXEMBOURG, 14 oct (AFP) - Les ministres chargés de la Pêche des treize Etats membres de l'Union européenne concernés ont quasiment tous fait front lundi à Luxembourg contre les propositions de la Commission européenne de réduction des flottes pour la période 1997-2002. La seule conclusion concrète du débat a été de renvoyer le problème à des entretiens bilatéraux entre chaque Etat et la Commission, pour que celle-ci puisse présenter des propositions détaillées pour le prochain conseil pêche du 22 novembre. Mais plusieurs ministres confiaient leurs doutes sur un aboutissement aussi rapide. "Il y a en fait peut-être une volonté de ne pas faire avancer le débat pour reculer le plus possible l'échéance pour des raisons intérieures", estimait une source européenne à l'issue des débats sur ce "Programme d'orientation pluriannuel pour la pêche" (POP 4, 1997-2002). Le commissaire européen à la pêche Emma Bonino avait pourtant bien pris soin, ces dernières semaines, d'expliquer que l'objectif de réduction de 40% des
prises fixé pour cette période chez les espèces les plus menacées (cabillaud, églefin, merlu, sardine, saumon de la Baltique) ne se traduirait pas par un taux de "casse" équivalent. En fait, selon les calculs des experts de la Commission, si l'on tient compte de mesures de réduction d'activité (moins de jours en mer) et de protection des ressources, le taux correspondant de mise hors service des flottes serait de 15%, soit 2,5% par an. Pour les espèces se défendant mieux, cette réduction serait encore inférieure. Et, la Commission propose aussi d'exempter la "petite flotte côtière", moins prédatrice et plus pourvoyeuse en emplois. Elle considère toutefois que cette notion est uniquement valable pour les navires de moins de sept mètres, alors que les Etats membres mettent la barre beaucoup plus haut (14 mètres par exemple pour la Grèce et l'Espagne). Ceci n'a pas empêché une volée de reproches à l'égard des propositions de la Commission, à qui l'on impute pêle-mêle l'utilisation de données scientifiques "tro
p schématiques", le "manque de concertation" et une insuffisance d'étude de l'impact social des mesures. Il est vrai toutefois --comme le souligne le ministre français Philippe Vasseur selon lequel il faut "être vigilant pour la préservation de certaines espèces et les juvéniles"--, que la problématique de préservation de la ressource halieutique est un souci général. Mais beaucoup estiment qu'ils ont déjà fait un effort suffisant avec le plan précédent de réductions des flottes qui s'achève cette année (POP 3). Selon la Commission, sur les 13 Etats concernés, seuls deux (Royaume-Uni, Pays-Bas) n'auront pas rempli les objectif qui leur étaient impartis à ce sujet. Fort de la réduction de 10% de sa flotte de pêche pendant cette période, la France par exemple, estime qu'il lui est difficile d'aller au-delà. "C'est ma position le 14 octobre", a déclaré M. Vasseur en soulignant qu'"aller au-delà c'est menacer l'équilibre de certaines régions côtières". Les autres ministres européens pensent peu ou prou la même c
hose. les Britanniques ont quant à eux tenté d'esquiver le problème en mettant sur le tapis la question de l'acquisition de licences de pêcheurs britanniques par des étrangers (espagnols surtout), qui se servent ainsi sur le quota de prises de Londres. Les ministres européens ont en revanche plus avancé sur la proposition de réglement rendant obligatoire le suivi par satellites de certains types de navires de pêche et à laquelle une majorité de pays -dont la France- sont favorables.