BRUXELLES, 30 oct (AFP) - La Belgique est disposée à accueillir une conférence réunissant, sous l'égide de l'Union européenne (UE), les gouvernements du Zaïre et du Rwanda afin de trouver une issue à la crise du Kivu (est du Zaïre), a annoncé mercredi le ministre belge des Affaires étrangères Erik Derycke. "J'ai proposé à Mme Bonino (commissaire européen chargé de l'aide humanitaire) d'examiner les possibilités pour que, sous l'égide de l'UE et en coopération avec les Etats-Unis, l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) et la Croix-Rouge internationale, se trouvent réunis à Bruxelles les gouvernements zaïrois et rwandais pour trouver une issue à la crise actuelle", a déclaré M. Derycke. Le ministre, qui s'exprimait devant la commission des Affaires étrangères du Sénat belge, a appelé à la tenue de cette conférence "étant donné l'ampleur du drame humain", en cours au Kivu. Il a estimé que les Etats-Unis ne seraient "certainement pas opposés" à une telle initiative. Se
lon le commissaire européen Emma Bonino, 500.000 personnes et "sans doute un million dans quelques jours" ont été déplacées dans l'est du Zaïre, à la suite des combats entre l'armée zaïroise et les rebelles banyamulenges, une ethnie tutsie d'origine rwandaise établie de longue date au Zaïre. Les Occidentaux craignent de voir ces combats dériver vers une guerre ouverte entre le Zaïre et le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir les Banyamulenges. L'armée rwandaise a reconnu mercredi être entrée en territoire zaïrois pour riposter à des tirs de mortiers sur la ville rwandaise de Cyangugu (ouest du Rwanda) depuis le Kivu. Le conflit au Kivu a pris des proportions inquiétantes et risque de s'étendre dans la mesure où "le Rwanda a attaqué le territoire zaïrois", estime Erik Derycke. "La Belgique ne peut et ne veut pas régler les problèmes des pays des Grands Lacs seule. C'est pourquoi toute intervention militaire est exclue", a-t-il ajouté. Selon le ministre, la Belgique est toutefois disposée à agir comme "cata
lyseur" afin de réunir les différentes parties autour d'une table. La Belgique, la France, l'UE, les Etats-Unis, les Nations-Unies et l'OUA multiplient actuellement les initiatives diplomatiques destinées à trouver une issue à la crise du Kivu et à éviter la déstabilisation de la région. L'ONU a chargé mercredi le diplomate canadien Raymond Chrétien d'une mission ponctuelle en vue d'un cessez-le-feu et d'une conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Les Etats-Unis avaient indiqué mardi qu'ils soutenaient l'idée d'une telle conférence. L'envoyé spécial de l'UE Aldo Ajello, a quitté mercredi Kigali pour Kinshasa alors que la France a proposé une rencontre au sommet entre les chefs d'Etat du Zaïre, du Rwanda, du Burundi, de l'Ouganda, de la Tanzanie et du Kenya. "Il y a une grande proximité de vues entre les partenaires interessés par les affaires africaines" au sein de l'UE, a-t-on souligné mercredi de source diplomatique belge. La Belgique a annoncé mercredi l'envoi le 4 novembre à Kinshasa de
son ambassadeur dans la région des Grands Lacs, Yves Haesendonck, pour des entretiens avec les autorités zaïroises. M. Derycke se rendra quant à lui le 15 novembre à Addis-Abeba pour rencontrer le secrétaire général de l'OUA Salim Ahmed Salim. Une réunion sur le Kivu des ambassadeurs des pays-membres del'OUA doit tenir jeudi dans la capitale ethiopienne.