LA COLERE D'EMMA BONINO
Le commissaire européen chargé de l'aide humanitaire stigmatise les lenteurs de la diplomatie.
Bruxelles, Pierre Bocev.
"Le 20 novembre? Le 20 novembre de quel année?" Emma Bonino, le commissaire européen chargé de l'aide humanitaire, ne trouve pas de mots assez durs pour stigmatiser la temporisation du Conseil de sécurité sur le dossier des Grands Lacs.
L'Union européenne avait réuni jeudi à Bruxelles ses ministres de la Coopération pour mettre au point un programme d'aide d'urgence aux réfugiés de la région. Mais pour en permettre l'acheminement grace à des "corridors humanitaires", il faut un appui militaire qui dépend d'un mandat des Natiions unies.
Et si le Conseiil de sécurité a bien qdopté samedi une resolutions préliminaire en ce sens, les hesiliations, notamment américaines, ont reporté au 20 novembre toute décision d'envoyer des troupes sur le terrain. D'où la colère d'Emma Bonino dans un entretien accordée au Figaro juste avant son départ dans la region, en compagnie de la "troika" européenne composée des ministres du Développement irlandais, italien et néerlandais.
Honte internationale
"Le Conseil de sécurité devrait ne pas perdre de vue que les centaines de milliers de réfugiés ne peuvent pas passer le week-end à Long Island" comme le font les diplomates onusiens, s'insurge-t-elle.
Pour Emma Bonino, les pays qui ont empéché à New York l'adoption d'une décision opérationnelle sont "une honte internationale". Et plus particuliérment les Etas Unis: "S'ils ne veulent pas s'associers, d'accord, mais il ne fallait pas empecher les autres" d'aller de l'avant.
Calculs de Realpolitk.
Infatigable, l'Italienne remue ciel et terre pour venir en aide aux réfugiés. "J'avais espéré que le message était passé", que les résponsable politiques avaient compris "la lassitude de l'opinion publique à légard des parties d'échecs diplomatiques et del calculs de Realpolitik", explique-t-elle. Pour constater avec amertume: "Je m'étais trompéé."
La "troika" est arrivée hier à Kinshasa et doit se rendre aujourd'hui à Kigali avant de visiter les camps. "Nous avons de quoi les aider, répète inlassablement Emma Bonino, mais il faut leur faire parvenir, en toute heure perdue se paie en vies humaines."
