Après la vache folle, récidive sur le maïs transgénique
Document exclusifs: la Commision, sous la pression économique, a encore négligé la prudence.
La leçon de la vache folle n'a pas suffi. Le 18 décembre, la Commission européenne a autorisé l'entrée du maïs transgénique américain sur le marché européen. Selon des documents confidentiels dont nous avons du prendre connaissance, c'est surtout la pression d'intérêts économiques et politiques qui à prévalu sur la prudence scientifique et sanitaire. Comme six mois plus tôt, pour lever l'embargo sur la gélatine britannique, les commissaires étaient très divisés.
Emma Bonino, la bouillante commissaire italienne chargée de la politique des consommateurs le confirme elle-même dans une déclaration annexée au proces-verbal de la réunion de la Commission du 18 décembre: Je regrette que le Collège ait été amené à prendre une décision si sensible pour l'opinion publique sous la pression et l'urgence liées au problème d'importation d'importants stoks de maïs des Etas-Unis. J'estime qu'une réflexion plus approfondie aurait pu être faite pour asurer une pleine prise en compte des inquiétudesdes consommateurs et de leur souhait de transparence.
En seance de la Commission, Mme Bonino s'était déjà déclarée mal a l'aise devant la décision proposée. Selon le procès verbal secret de cette réunion, que nous publions en page interieure, elle estime que cette décision repond à des pressions de caractère économique. Et elle émet des doutes sur les arguments scientifiques évoqués.
Il ne faut pas amalgamer ce nouveau dossier à celui de la vache folle, plus tragique dans l'immédiat. Il y ressemble nèanmoins dans sa logique mercantile et dans la prise de décisionprècipitée. A l'époque, le mäis transgénique américain, dont c'est la première récolte, est dèjà arrivé dans les ports européens, notamment à Anvers.
Nous disposons d'une note interne qui relate la position des chefs de cabinet de commissaire, le 13 et 16 décembre.
Le maïs en provenance de l'Atlantique est socké ces jourci dans les ports de l'Union, peut-on y lire. Cela met une très forte pression sur l'Union qui est invitées à décider le plus d'encourir des actions en dommages et intérêts.
Ce dossier donne aussi l'impression d'une fuite en avant en matière scientifique. Au Strasbourg, le 12 novembre, les commissaires Cresson et Fischler tenaient pourtant des propos rassurants: Nous avons véçu assez d'événements de cette nature pour que le principe de précaution soit important. A l'avenir, il faudra que les consommateurs puissent savoir ce qu'ils absorbent. Or, la décision prise le 18 décembre ne prévoit pas d'étiquetage pour ce maîs. Impossible pour les consommateurs de savor s'ils ont affaire à ce produit. Pire: plusieurs commissaires - Brittan et Bangemann notamment - semblent exclure cette éventualité, de peur de conflits devant l'organisation mondiale du commerce (OMC).
La commissaire à l'environnement, Ritt Bjrregaard, souhaitait quant à elle reporter la décision, et la soumettre au Comité de réglementation pour l'assortir d'une obligation d'étiquetage.
Mais les chefs de cabinet veulent décider immediatement l'autorisation de mise sur le marché du maïs génétiquement modifié sans retourner au Comité et sans obligation particulière d'étiquetage. Tout retour en arrière leur ârait douteux du point de vue juridique et inopportun politiquement. Ils estiment même qu'il serait inopportun politiquement d'utiliser une décision relative à un cas particulièrment difficile et urgent pour créer un précédent en matière d'étiquetage.