Elle a reçu le prix de l'Européen de l'année

EMMA BONINO FTÉE PAR LA VIE

En cette fin de siècle crépusculaire, elle apparaît comme un espoir. Jacques Delors, Andrea Riccardi, président de la Communauté Sant'Egidio a Rome, Wladyslaw Bartoszewski, ancien ministre des Affaires étrangères de Pologne, Jean-Claude Petit, président-directeur général de La Vie, et 250 amis venus de toute l'Europe ont fêté, vendredi 7 février, Emma Bonino, le rayon de soleil de l'Union européenne, commissaire a Bruxelles chargée de la pêche, des droits des consommateurs et de l'Office humanitaire. Emma, l'Européen de l'année 1996 (voir La Vie n 2678).

Emma est un extraordinaire "petit bout de femme" au tempérament de feu, au verbe énergique, au rire contagieux, qui, de l'ex-Yougoslavie a l'Afrique des Grands Lacs, fait résonner la voix de l'Europe dans le silence du monde, réveille les consciences assoupies, exige le respect des droits de l'homme a l'égard de toutes les parties en conflit, milite pour que la paix soit fondée sur la justice. C'est avec la même détermination, et un brin de malice, qu'elle explique les raisons de son inlassable combat: "Si l'on ne doit faire l'Union que pour se partager le lait, le poisson et la viande, basta ! Ce n'est pas la peine. Nous devons construire une Europe pas seulement marchande, comptable, mais une Europe de la compassion, et une Europe dynamique."Lors d'un échange d'idées, et soulignant qu'il est urgent de comprendre la communauté de destins entre le Nord et le Sud, de répondre a l'appel fraternel des pays de l'Est, de resserrer les liens avec les pays du Bassin méditerranéen, Andrea Riccardi propose: "Face à l

'horreur sans fin, à la violence qui se dresse sur la misère, les Etats chancellent. Nous constatons comme un rite de l'impuissance, du repli sur soi... Nous avons besoin d'un sursaut de courage pour passer d'une société ou dominent les passions a une culture politique européenne."

Emma opine, adhère totalement a cette conception, et ajoute: "Nous devons affirmer cette responsabilité et cette volonté politiques, et également les valeurs de notre civilisation, au-delà de nos frontières. L'action humanitaire, qui ne doit jamais servir d'alibi à l'impuissance politique, m'aide à poursuivre cet idéal d'une Europe réellement citoyenne."

Avant de lui remettre son prix et quelques cadeaux, Jacques Delors rendait un hommage vibrant a Emma, "femme d'espérance qui encourage lesforces de lapaix, du progres et de la solidarité." La fête ensuite, fut à l'image d'Emma. Lumineuse et joyeuse.