LES INDIGNATIONS D'EMMA

Rachel CRIVELLARO

Invitée du Salon, la commissaire européenne, en charge de l'office humanitaire de l'Union européenne, Emma Bonino est venue parler de civisme et d'éducation.

Et en particulier, sur la sensibilisation des jeunes aux problèmes humanitaires. La commissaire, réputée pour son verbe fleuri, a insisté sur l'importance d'apprendre aux jeunes les tenants et aboutissants du nouvel ordre géopolitique mondial.

"Depuis la chute du mur de Berlin, le rôle de l'Europe a changé. Elle ne peut plus se cantonner à un rôle de spectateur, il faut qu'elle assume son statut de grande puissance économique. Les conflits ont évolué, les crises politiques ont pris le pas sur les catastrophes naturelles. On assiste à une explosion de micro et de macro-conflits. Dans un tel contexte, il faut enseigner aux jeunes gens les implications du nouveau système mondial". Et d'insister également sur les violations des conventions humanitaires: "on bombarde les camps de réfugiés sous drapeau de l'Onu, on tire sur la Croix-Rouge. Autant de symboles, il y a peu, sacrés. Jamais la nécessité de défendre les valeurs universelles à échelle européenne ne s'est fait autant sentir. Des valeurs qui se transmettent par l'éducation".

TECHNOLOGIES

Quel rôle alors pour les nouvelles technologies de l'information dans les rapports avec les pays du tiers-monde ? "L'aspect purement pratique est, bien sûr, intéressant, les ONG communiquent plus efficacement. Le volet "éducation" me laisse plus perplexe, car avec l'enseignement électronique, on saute des étapes. Peut-on apprendre à lire et à écrire sans passer par le stade du papier et du crayon ?", souligna Emma Bonino. Reste que le climat actuel n'est pas fait pour encourager la fibre humanitaire.

"C'est plutôt le désenchantement qui prévaut. Il ne faut pas sous-estimer la crise de confiance dans les institutions. A nouveau, une nouvelle citoyenneté passe aussi par l'éducation. Disposer d'un compte en banque reste primordial mais cela ne suffit pas à créer un sentiment de citoyenneté." Et la vocation humanitaire ?

"Pour l'instant, elle appartient aux idéalistes, pas aux réalistes. C'est la seule façon d'être efficace au fin fond du Liberia, pour quelques sous..."