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Conferenza Emma Bonino
Partito Radicale Maurizio - 1 aprile 1997
Consommateurs * 60 Millions de Consommateurs, page 80

"LE MARCHÉ, CE N'EST PAS LA JUNGLE"

Conséquence de 1a crise de 1a vache folle, 1'Europe se décide à accorder plus de poids politique aux consommateurs: depuis 1e 1er avril, Emma Bonino, Commissaire européen, chargée des consommateurs, est officiellement responsable de 1a sécurité alimentaire, c'est-à-dire de 1a santé publique.

- "60" Ne croyez-vous pas que la politique communautaire a privilégié les producteurs au détriment des consommateurs ?

- Emma Bonino: Faire semblant de découvrir aujourd'hui que l'Europe et même les Etats membres ont jusqu'alors accorde la priorité aux producteurs par rapport aux citoyens, c'est d une grande hypocrisie. Cela m'énerve au plus haut point. Les milieux politiques savent bien que les deux tiers du budget communautaire concernent la production, que le tiers seulement est disponible pour toutes les autres actions: culture, éducation, information, humanitaire, consommateurs, etc.

Avec la crise de la vache folle, on a peut-être une occasion de rétablir un peu 1'equilibre entre les producteurs et les citoyens.

La politique des consommateurs est très fragile au niveau de la législation communautaire. L'article 129 A du traite de Maastricht la voit comme une contribution au Marche unique. Conséquence de cette fragilise juridique, elle ne reçoit que 0,021% du budget de l'Union européenne, soit 19 millions d'ecus (environ 125 millions de francs, NDLR). C'est peu. MaDirection générale est aussi la plus petite et la plus recense, puisqu'elle a été créée en 1995, quelques mois après mon arrivée à Bruxelles. Bon, ça c'est la situation. Moi, j'essaie de faire de nécessité vertu, d'introduire le citoyen au centre de toutes les politiques de l'Union, des le début d'un processus législatif communautaire, en m'appuyant sur la compréhension de mes collègues.

- "60" Quelles sont vos nouvelles compétences ?

- E. B.: l'avais explique a la Commission d'enquête du Parlement européen sur la crise de la vache folle qu'il fallait résoudre un problème institutionnel. Je trouvais dangereux, en effet, que le législateur ait a la fois les compétences scientifiques et la responsabilité des contrôles, qu'il soit en même temps juge et partie. La mon approche et a décidé de séparer la politique alimentaire de ce qui relève de la sécurité alimentaire. Elle m'a confie la responsabilité des comités scientifiques en amont et la coordination des contrôles en aval.

- "60" Comment comptez-vous exercer ces nouvelles responsabilité?

- E. B.: Je n'ai pas l'intention d'être juste l'intermédiaire entre les experts scientifiques et le Commissaire a l'Agriculture, de faire suivre le courrier. Je compte bien, "race aux avis des comités scientifiques, intervenir tout au long du processus législatif, des que je serai informée qu'il existe tel ou tel risque. J'espère donc participer, des le début, a l'élaboration des lois.

Cependant, ce sera du bricolage si je ne dispose pas des moyens financiers nécessaires. Par exemple, je ne peux exercer la coordination des contrôles avec seulement les 43 inspecteurs vétérinaires actuellement en service.

C'est clair qu'ils devront être plus nombreux. De même pour les comités scientifiques: je veux des scientifiques indépendants et a plein temps. Il faudra donc un budget pour les payer. Actuellement, ils le sont par les Etats membres. Il faut aussi revoir le nombre de comités. A-t-on besoin de conserver les sept existants ? Compte tenu de l'arrivée des produits transgéniques, ne faudrait-il pas former un nouveau comité sur les biotechnologies ? Il faudrait aussi, selon moi, rendre permanent le comité pluridisciplinaire qui a été créé pendant la crise de la vache folle. Fin avril, je communiquerai mes besoins aux autorités budgétaires, et nous verrons, selon les moyens que l'on m'accordera, si les Etats membres sont prêts ou non a avoir une Europe de la sente.

Je sais, il y aura des obstacles, peut-être des affrontements. Je les sens venir. Que ce soit clair: je suis pour le marche, mais le marche, ce n'est pas la jungle.

- "60" tes-vous favorable à la création d'une Agence européenne chargée de l'alimentation et de la santé ?

- E. B.: Oui, plutôt. Mais pas, comme beaucoup le suggèrent, en copiant le modèle américain de la Food and Drug Administration (FDA). Il faut le savoir, la FDA emploie 9.000 personnes ! Ensuite, tout chez elle ne nous convient pas: elle ne s'occupe pas des produits primaires comme la viande ou le poisson; elle n'a aucun contact institutionnel avec les organismes de contrôle dépendant des Etats. Les autorités américaines, elles-mêmes, sont en train de revoir son organisation. Nous devrons inventer notre propre modèle européen, qui pourrait s'inspirer de l'Agence européenne du médicament. Encore faudrait-il être clair sur les objectifs de cet organisme et sur ses relais avec les Etats membres. On ne vit pas sur la Lune.

Propos recueillis par

Marie-Jeanne Husset

 
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