Sous la pression de l Italie, qui ferme ses portes aux réfugiés, ils envisagent l envoi d une aide humanitaire protégée par une force militaire limitée.
Parce que, officiellement, ce ne sont plus d authentiques réfugiés, mais des immigrants clandestins qui achètent leur voyage à la maffia locale, l Italie a décidé, lundi, de refouler toute embarcation transportant vers ses côtes des Albanais. Une décision appliquée d emblée par une unité de la marine italienne qui a remorqué, vers le pays des aigles , un bateau intercepté dans le détroit d Otrante avec une centaine de passagers à son bord.
Il n échappe pourtant pas aux observateurs que cette mesure, si elle répond au souci des autorités et de l opinion publique italiennes d empêcher tout nouvel afflux de réfugiés albanais alors que deux navires, transportant au total quelque 450 personnes, étaient encore arrivés lundi matin dans le port de Brindisi, est surtout destinée à mettre la pression sur l Union européenne, le jour même où ses ministres des Affaires étrangères tentaient - en vain- d accorder leurs violons, à Bruxelles, sur une intervention en Albanie.
L Italie entend bien jouer les meneurs de jeu dans sa traditionelle arrière-cour albanaise et c est d ailleurs ainsi que l entendent les autorités à Tirana puisque le Chef de la diplomatie albanaise, Arjan Starova, a finalement renoncé à son déplacement à Bruxelles, lundi, pour réserver aux cérémonies du quarantième anniversaire des traités de Rome, ce mardi dans la capitale italienne, ses contacts avec les Quinze, en présence du Premier ministre, Bashkim Fino. Mais elle ne souhaite nullement faire cavalier seul et plaide pour une action collective de l Union.
Une force limitée - Si l Italie a fait parvenir en Albanie, lundi, six tonnes d aide médicale urgente et si la France doit l imiter, ce mardi, en acheminant quarante tonnes d aide humanitaire sous la bonne garde du secrétaire d Etat Xavier Emmanuelli, Tirana compte elle aussi sur une mobilisation des Quinze. C est la conviction qu exprimait M. Fino au moment où il s envolait pour Rome et où les ministres européens des Affaires étrangères débattaient de l envoi d une aide humanitaire sécurisée par le déploiement d une force militaire limitée.
Tout en se défendant de vouloir restaurer l ordre en Albanie, tâche qui est du ressort exclusif des Albanais, a rappelé le ministre français, Hervé de Charette, cette force, à laquelle l Allemagne et la Grande-Bretagne ne désirent pas participer, pourrait, par contre, aider l armée et la police locales à se réorganiser. Elle pourrait également être amenée à assurer la sécurité de l aéroport de Tirana, par lequel transiteront les secours.
