VACHE FOLLE : BRUXELLES SE SAISIT DE LA GÉLATINE
BRUXELLES:
Pierre BOCEV
La Commission européenne pourrait finalement étendre l'embargo aux gélatines britanniques.
La Commission européenne se dirige vers la révision d'une décision très critiquée dans sa gestion du dossier de la vache folle: l'exemption conditionnelle d'embargo commercial accordée aux exportations de gélatine britannique. Un nouveau comité scientifique, créé après les reproches féroces formules par le Parlement européen, a estimé hier que les conditions de fabrication de gélatine telles qu'imposées par la Commission n' "inactivent pas de manière suffisante" l'agent de la vache folle. Pour sa part, Emma Bonino, la commissaire chargée de ce secteur, a réagi en affirmant qu'il fallait tenir compte de cet avis au moment du "réexamen" de la décision contestée, prise en juin 1996. L'incidence concrète serait de toute manière nulle: il n'y a pas d'exportations de gélatines britanniques, car les trois installations du Royaume-Uni, qui du reste utilisent des matières premières importées, ne se conforment pas aux conditions édictées par la Commission (un traitement d 133 degrés pendant vingt minutes sous une pre
ssion de trois bars). Bruxelles avait impose ces trois normes - et donc théoriquement autorise les gélatines produites dans ces conditions - sur la foi d'une étude scientifique intérimaire dont la version définitive a, par la suite, mis en doute les conclusions. Le Parlement européen estime que Bruxelles avait alors agi sous la pression de Londres et dans le but de désamorcer la crise née du veto systématique de John Major à toutes les décisions communautaires pour protester contre l'embargo.
L'annulation de cette concession, même purement théorique, sur les gélatines répondrait à un double objectif. Il s'agirait pour Bruxelles de montrer que les avis scientifiques et les soucis des consommateurs priment. Le but serait aussi de court-circuiter toute éventuelle demande de levée concrète de l'embargo sur les gélatines que John Major serait tente de présenter pour des raisons préélectorales. L'initiative risquerait toutefois d'être exploitée, à des fins électorales précisément, par les eurosceptiques britanniques qui pourraient crier à la "trahison de Bruxelles". Sans trop se soucier, il est vrai, de la pertinence de l'argument.