Trois proches collaborateurs du chef des rebelles zaïrois, Laurent-Désiré Kabila, ont accusé mardi les Nations unies d'être responsables de la mort de 91 réfugiés hutus rwandais dimanche dans l'est du Zaïre. Lors d'une conférence de presse à Lubumbashi (sud-est), les trois hommes ont par ailleurs reproché aux membres du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) d'avoir fait monter les réfugiés par groupe de 100 dans des camions prévus pour en contenir 50. Ils répondaient ainsi aux accusations similaires formulées lundi contre l'Alliance rebelle par le HCR. Dimanche, 91 réfugiés hutus sont morts écrasés, piétinés ou étouffés dans le train qui devait les amener du camp de Biaro à Kisangani (40 km plus au nord), d'où ils devaient être évacués vers le Rwanda. "Le HCR a pour mission de tuer ces réfugiés. Si on ne fait pas attention, ils font commerce du sang des réfugiés", a affirmé Moise Nyarugabo, "secrétaire-général à la présidence" de Kabila, qui a accusé les employés du HCR de détourner l'argent de
l'aide humanitaire, affirmant que seuls quatre camions étaient en service au lieu des 70 promis. Le commissaire européen pour les affaires humanitaires, Emma Bonino, a pour sa part été qualifiée de "psychopathe". Mardi, Mme Bonino avait accusé M. Kabila d'avoir transformé l'est du Zaïre en "abattoir" et de pas "être à sa place" pour diriger ce pays. A Genève, une équipe de l'ONU a signalé que des enfants réfugiés étaient massacrés au sud de Kisangani, et en a appelé au Conseil de Sécurité. Selon Marie Heuze, porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), 80 petits Rwandais non accompagnés, sur un groupe de 230 qui auraient dû être rapatriés à Kisangani depuis le camp de Biaro, portaient des blessures par balles ou avaient reçu des coups de machettes. "Des violations massives des droits de l'Homme sont perpétrées dans le territoire contrôlé par les rebelles", a déclaré Mme Bonino. Soit l'Alliance de M. Kabila "ne contrôle pas ses troupes, soit elle est directement impliquée dans la chasse au
x réfugiés hutus", a-t-elle dit, en accusant également les pays voisins, dont le Rwanda, de "ne rien faire" pour empêcher ces actions, "voire de les encourager".